LETTRE PASTORALE DU ST SYNODE METROPOLITAIN POUR LA PENTECÔTE 2018
Lettre pastorale du Synode métropolitain de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale pour la lumineuse célébration de la Descente du saint Esprit
Au Révérend Clergé,
à la Communuaté monastique et au Peuple confesseur de la vraie foi
au sein de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale,
grâce, miséricorde et paix du Dieu miséricordieux,
et, de notre part,
bénédiction paternelle!
„Béni sois-Tu, ô Christ notre Dieu, qui as rendu maîtres en sagesse de simples pécheurs,
leur envoyant l’Esprit saint et par eux prenant au filet l’univers entier!
Ô Ami de l’homme, gloire à toi!”
Tropaire de la Descente du saint Esprit:
Révérends et très Révérends Pères,
Révérendes Mères,
Bien aimés Frères et Soeurs dans le Seigneur,
Aujourd’hui la communauté chrétienne confessant la vraie foi célèbre la Descente du saint Esprit. Comme le Seigneur Lui-même l’a promis à ses apôtres en disant „viendra le Consolateur, que Je vous enverrai depuis le Père, l’Esprit de la Vérité qui est issu du Père...” (Jean 15, 26), l’Esprit saint est descendu sur les disciples du Sauveur, les revêtant de la „puissance d’En Haut” (Luc 24, 49) qui a fait d’eux des témoins véritables, par les actes et par les paroles, de Dieu parmi les hommes. La plénitude de la pensée éternelle de Dieu a été révélée à nous par l’incarnation de son Fils Unique-engendré et par son Exaltation et son Siège „à la droite du Père” qui ont promu la nature humaine au rang et à la dignité qui lui avait été accordés dès la création.
Dès la Descente de l’Esprit saint, les saints apôtres et les disciples du Seigneur reçoivent les arrhes de la sanctification de l’homme et de l’univers entier. L’effusion de l’Esprit saint apporte avec elle „la puissance d’En Haut” (Luc 24, 49), autant pour les Apôtres que pour l’âme de ceux qui croient et attestent que notre Seigneur Jésus Christ est le Fils incarné de Dieu, „vrai Dieu de vrai Dieu” et Sauveur de nos âmes.
Les dons que nous avons reçus de la glorieuse fête de Pentecôte, par la Descente de l’Esprit saint, sont innombrables, mais le plus précieux d’entre eux est le don de l’amour de Dieu qui se déverse dans nos coeurs. L’amour de Dieu pour nous ne passe jamais (cf. 1 Corinthiens 13, 8) et cet amour devient en nous source d’amour pour ceux qui nous entourent.
Mais aimer le prochain signifie donner toujours ce que nous avons de meilleur au plus petit d’entre nos frères, car, ce que nous faisons à l’un d’entre ceux, nous le faisons au Seigneur (Matthieu, 25, 40).
Bien aimés Frères et Soeurs dans le Seigneur,
Porteurs de cet amour sans limite, les sains Apôtres se sont mis en route, pour annoncer l’Evangile de justice, „enseignant tous les peuples, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit; leur enseignant à garder tout ce que leur avait commandé le Seigneur, confiants qu’Il est avec nous tous, „tous les jours jusqu’à la fin des temps” (Matthieu 28, 18-20).
En ce jour, nous sommes, nous aussi, appelés à être les successeurs des saints Apôtres, invoquant nous aussi l’Esprit qui est Saint et, par lui, gagnant la consolation de nos âmes blessées par le péché et l’égoïsme, par la faiblesse et l’impuissance, et par toutes sortes de contrariétés et d’échecs. Aussitôt guéris, par la prière des Apôtres, qui furent les premiers à recevoir le don du saint Esprit sous la forme des langues de feu, nous pourrons dilater nos coeurs pour qu’ils contiennent en eux-mêmes Celui qui est incontenable et sans limite. Et, seulement après avoir guéri nos coeurs de toutes ses faiblesses, nous aurons le pouvoir nous aussi, comme les Apôtres, d’être les messagers de l’amour du Christ, qui se fait tout pour tous, afin de les gagner au Royaume des Cieux.
Le dimanche de la Descente du saint Esprit est, depuis plusieurs années déjà, l’occasion de rendre grâce à Dieu pour l’activité pastorale, missionnaire et sociale de notre Métropole. Et, cette année plus que jamais, nous rendons grâce à Dieu pour les fruits missionnaires et pastoraux de notre Métropole, qui a vu parvenir à maturité deux de ses filles spirituelles: le Diocèse d’Italie et le Diocèse d’Espagne et du Portugal, qui ont reçu récemment chacun un évêque vicaire, respectivement Monseigneur Athanase de Bogdania, pour l’Italie, et Monseigneur Théophile d’Ibérie, pour l’Espagne et le Portugal.
Il convient, par conséquent, que dès maintenant chaque paroisse et chaque monastère, par la bienveillance de chacun d’entre vous, apporte son soutien à la mission et à l’oeuvre que déploie notre Métropole pour le bien de nous tous, afin que la lumière de l’Evangile, la puissance de la Parole de Dieu et la lumière de la foi, atteignent également l’âme de ceux qui sont plus loin, là où il n’y a pas encore de paroisses ou de missions, de monastères ou d’ermitages; là où beaucoup de chrétiens sont assoiffés et affamés de Celui qui nous nourrit, non du pain transitoire, mais du propre Corps et du propre Sang du Christ Donateur de vie.
Pour cette raison, à l’issue de le célébration de ce jour, il sera organisé immédiatement une collecte de soutien à notre Métropole. Chacun est invité à donner ce qu’il peut, afin que nous puissions allumer une flamme également dans l’âme de ceux qui sont loin des bénédictions dont nous jouissons aujourd’hui.
Bien aimés Frères et Soeurs,
Il est digne de rendre grâce au Seigneur pour tous les dons qu’Il déverse sur nous et surtout pour le don de l’amour du prochain, car cela signifie que nous avons des coeurs de chair et non des coeurs de pierre, suivant le message du prophète Isaïe. N’oublions pas que le don reçu de Dieu ne fructifie que s’il est partagé avec nos semblables, „le Seigneur accordant sa grâce par l’amour du frère”, selon l’enseignement de saint Silouane.
Vous assurant de notre prière d’intercession devant Dieu, vos évêques et pasteurs qui prient le Christ Seigneur, les membres du Synode Métropolitain de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale,
† le métropolite JOSEPH
Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale
† l’évêque SILOUANE
Diocèse Orthodoxe Roumain d’Italie
† l’évêque TIMOTHEE
Diocèse Orthodoxe Roumain d’Espagne et du Portugal
† l’évêque vicaire MARC de Neamt
Archevêché Orthodoxe Roumain d’Europe Occidentale
† l’évêque ATHANASE de Bogdania
Diocèse Orthodoxe Roumain d’Italie
† l’évêque vicaireTHEOPHILE d’Ibérie
Diocèse Orthodoxe Roumain d’Espagne et du Portugal
En notre résidence de Paris, pour la fête de la Descente du saint Esprit
le 27 mai de l’an de grâce 2018
LETTRE PASTORALE POUR LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR 2018
Sans la Croix, point de Résurrection !
« Celui qui a connu le mystère de la croix et du tombeau, a connu les raisons des figures et des créatures. Mais celui qui a été initié à la puissance ineffable de la Résurrection a connu le but dans lequel, au commencement Dieu a constitué toutes choses »[1].
Très-Révérends et Révérends Pères,
Révérendes Mères,
Le Christ est ressuscité !
Le mystère de la Passion, de la Souffrance et de la Crucifixion de notre Seigneur Jésus Christ, nous ne le pouvons vivre et comprendre que dans le mystère de Sa mort sur la Croix, puis dans celui de Son relèvement du tombeau, c’est-à-dire de Sa Résurrection d’entre les morts.
L’offrande que le Seigneur Jésus Christ nous apporte par sa Résurrection des morts est ineffable. Elle relève, non de cette vie éphémère, mais de ce qui est éternel et incorruptible, intemporel et céleste : c’est pour cela que nous recevons le Seigneur en plein cœur de la nuit, les mains pleines de lumière et le cœur disposé à L’accueillir, les portes de notre âme grand ouvertes, sachant bien qu’Il a vaincu les ténèbres les plus redoutées par l’homme : la mort !
Pour devenir participants à Son œuvre, nous Le recevons par le jeûne et la prière, sachant que c’est par ses Souffrances et sa Passion que nous sont parvenus la miséricorde d’En-Haut et l’amour du Père céleste.
Nous Le recevons, assoiffés de vie, impuissants que nous sommes à nous réconcilier avec la mort, qui est également devenue pour nous le plus lourd fardeau. Ce fardeau, le Seigneur est venu Lui-même le soulever de nos épaules : Il est venu mourir de notre mort et ouvrir pour Lui-même la porte de notre âme, ce qui fit dire au Bienheureux Augustin : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi »[2].
Crucifiés par nos passions et notre péché, par nos asservissements, nous L’attendons et Le recevons, comme Il nous en conjure : Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et Je vous soulagerai [3], sachant bien que personne ni rien de ce monde ne peut nous en décharger, sinon Lui seul, le Ressuscité. Comme se dissipe la fumée, comme fond la cire en face du feu [4], c’est ainsi que depuis la nuit de la Résurrection jusqu’à présent, face à sa Croix et son Tombeau vide, périssent également en nous les péchés et passions que nous Lui révélons et que nous déposons à ses pieds.
Nous Le recevons désespérés, car la mort ne semble pas nous laisser hors de ses filets, ni nous ni nos enfants ni ceux qui nous sont chers, mais voilà qu’aujourd’hui, elle est contrainte de relâcher sa proie la plus convoitée : notre vie !
Nous Le recevons l’âme enténébrée, presque aveuglés par ce péché que nous chérissons tant, bien qu’il nous aveugle, mais que Lui pulvérise en un instant sur la Croix, tout comme celui du larron repentant crucifié à sa droite. En un mot, le Crucifié nous ouvre les portes de sa miséricorde dispensatrice de lumière, nous arrachant aux ténèbres. « Maintenant tout est empli de lumière, le ciel, la terre et les enfers »[5].
Nous Le recevons et L’attendons chargés des soucis du monde qui se sont accumulés dans nos cœurs, et que Lui nous demande de déposer aux pieds de sa Croix, puis à chaque célébration de la Divine Liturgie : « déposons tous les soucis du monde », abandonnons-les à ses soins, Il les portera tous avec nous.
Nous Le recevons imprégnés de doutes quant à ce que nous sommes et à ce que nous devenons dans ce monde où nous vivons. Quant à Lui, Il nous charge de Le recevoir, de nous approcher de Lui et de nous abandonner à sa volonté : osons, car, dit-Il, J’ai vaincu le monde[6].
Nous Le recevons accablés de souffrances qui font croître en nous la peur de la mort et de la solitude, mais celles-ci également, Il les prend sur ses épaules avec la Croix. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi M’as-Tu abandonné ? [7] Depuis ce cri qu’Il a laissé retentir sur la Croix, il n’existe plus de solitude pour celui qui L’appelle par son Nom, comme Lui-même, face à la mort, appela le Père, qu’Il a rapproché de nous pour l’éternité, nous qui de fait L’avions abandonné. Le Verbe incarné, humainement, a parcouru avec nous le chemin de la solitude face au mal et à la mort qu’Il n’avait pas créés[8].
Frères et sœurs bien-aimés,
Nous attendons et recevons le Christ Crucifié et Ressuscité, imbus de nous-mêmes, sans même voir notre prochain qui gît dans l’oubli. Or le Seigneur nous ouvre yeux et oreilles afin de voir et entendre notre prochain comme notre frère. « On disait alors d’un esclave qu’il est aprosôpos, “sans visage”. Et voici que “le plus beau des fils des hommes” n’est plus que cet esclave torturé qu’on voit d’autant moins qu’on le torture, qu’on torture d’autant plus qu’on le voit moins. Ainsi s’est-Il identifié, pour quelle mystérieuse consolation, et surtout pour nous appeler à les voir, à tous les “sans-visage” du monde, ceux qu’on frappe pour voler leur âme, ceux qu’on contraint à d’épuisants travaux, ceux qu’on désire sans les aimer »[9]. Car J’étais affamé et vous M’avez donné à manger ; J’étais assoiffé et vous M’avez donné à boire ; étranger et vous M’avez accueilli ; nu et vous M’avez revêtu ; malade et M’avez rendu visite ; prisonnier et vous êtes venu vers Moi… En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait [10].
Nous recevons le Christ, l’esprit imprégné de ce monde soumis à la mort, tandis que Lui l’élève vers la beauté qu’Il y a cachée par la création, qui de plus se reflète – si nous ne les détruisons pas de notre propre liberté – dans toutes les créatures qui nous entourent : le ciel, la terre, le soleil et la lune, les étoiles et les nuages, les oiseaux et les animaux sauvages, les insectes et toutes les espèces d’eau douce et de la mer, toutes créatures surpassées cependant par la beauté de l’homme, créé à Son image et à Sa ressemblance.
Nous L’attendons et Le recevons, les yeux pétris du jugement que nous portons sur notre prochain à qui nous imputons toute la faute de ce monde. Or le Christ Seigneur, en se chargeant de notre faute, nous amène à voir la vérité et à nous charger nous aussi du fardeau de notre prochain, à porter ses fautes comme si c’était les nôtres, à Son exemple. « Si le Christ a daigné prendre le visage de chaque pauvre et s’Il s’est Lui-même assimilé à tout pauvre, c’est dans ce but : c’est pour que nul parmi ceux qui croient en Lui ne s’élève au-dessus de son frère et que chacun, considérant son frère et son prochain comme son Dieu, s’estime inférieur par rapport à son frère comme par rapport à Dieu qui l’a fait, et qu’ainsi il l’accueille comme Lui, l’honore et épuise toutes ses ressources pour son service comme le Christ notre Dieu a versé tout son sang pour notre salut »[11].
Nous L’attendons et Le recevons ensevelis dans nos pensées, incertitudes et craintes. Lui nous relève et nous ressuscite par son amour et sa confiance en l’homme, en nous : Il nous étreint amoureusement contre Son sein, comme une mère qui enserre son enfant nouveau-né, lui procurant toute la chaleur qui peut le maintenir en vie, avec la confiance que peut-être en lui croîtra également l’amour, bien que, en dehors des bras de ses parents, tout ne soit pour lui qu’hostilité.
Pourtant, frères et sœurs bien-aimés, nous Le recevons en même temps foisonnants d’espoir. À notre tour, à la suite des Apôtres à qui le Seigneur avait demandé pourquoi ils ne L’avaient pas quitté – comme beaucoup d’autres de son entourage le firent, égarés qu’ils étaient de L’avoir entendu promettre comme nourriture et breuvage pour la vie éternelle son Corps et son Sang –, nous disons : Seigneur, auprès de qui nous en irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru, et nous avons connu que Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant[12].
Nous L’attendons et Le recevons avec amour, notre étroit amour humain, éprouvé et blessé par tous les échecs que nous rencontrons dans notre vie, mais qui grandit dans l’amour de la Mère de Dieu qui, également en notre nom, reçut en son sein le Fils de Dieu qui par elle se fit homme. Par l’amour maternel de la Mère de Dieu, notre amour à nous grandit également ; aussi nous remplissons-nous, à sa suite, de l’amour du Christ ressuscité. Comment le Christ-Dieu en tant qu’homme aurait-Il pu grandir sans l’amour humain de sa Mère ? Comment pourrions-nous grandir, nous les hommes, dans l’éternité, sans l’amour divin du Dieu-Homme qui par ses Souffrances et sa Croix et par la force de son amour a vaincu pour nous la mort et nous a inondés de lumière ?
Fidèles bien-aimés,
Je prie le Christ-Seigneur qui nous a relevés, nous a fait passer de la mort à la vie en nous confiant que ce n’est pas la Croix que nous devrions redouter – car sans la Croix, point de Résurrection –, de conduire vos pas sur les sentiers de la vie en vue de toute œuvre bonne et de vous bénir !
Le Christ est ressuscité !
Votre intercesseur en vue de tout bien,
† Le Métropolite Joseph
Paris, Pâque 2018
[1] Saint Maxime le Confesseur, Centuries sur la Théologie, 1, 66, PG 91, 1152.
[5] Canon pascal, 3e ode.
[7] Mt 27, 46 et Mc 15, 34.
[8] Cf. Olivier Clément, Christ est ressuscité, Desclée de Brouwer, Paris 2000, pp. 39-40.
[11] Saint Syméon le Nouveau Théologien, Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques, 3, 96, Cerf, SC no 51 bis, Paris, 1996, p. 111.
Lettre pastorale du Saint-Synode
de l’Église orthodoxe roumaine
pour le dimanche de l’Orthodoxie de l’an de grâce du Seigneur 2018
À l’ordre vénérable des moines, au révérend clergé
et aux bien-aimés fidèles du Patriarcat roumain :
grâce, joie et paix de la part de Dieu Père, Fils et saint Esprit
et bénédiction paternelle de notre part !
Révérends et très révérends Pères,
Bien-aimés fidèles,
Le premier dimanche du jeûne des saintes Pâques est consacré à la victoire de la foi chrétienne orthodoxe sur les hérésies. Les saints Pères réunis dans les conciles oecuméniques du IVème au VIIIème siècle ont établi l’enseignement véritable en ce qui concerne la divinité du Fils et du saint Esprit, ainsi que la juste vénération des saintes icônes. Instituée par le concile de Constantinople du 11 mars 843, cette célébration fut consacrée à la victoire de la vraie foi sur ceux qui luttaient contre la vénération des icônes, de la sainte Croix et des saintes reliques : elle fut en même temps la fête de la victoire de la vraie foi sur toutes les hérésies et en général les enseignements erronés.
Le Dimanche de l’Orthodoxie rappelle donc la victoire des Orthodoxes contre les hérétiques, scellée par le rétablissement de la vénération des saintes icônes. La décision d’appeler le premier dimanche du jeûne des saintes Pâques Dimanche de l’Orthodoxie fut prise en 843, au concile de Constantinople : mais elle fut préparée par le VIIème concile oecuménique de Nicée en 787, quand les saints Pères proclamèrent la vénération des saintes icônes en tant que manifestation de la vraie foi.
Moins connu est le fait que cette fête du Dimanche de l’Orthodoxie se superposa à l’ancienne commémoration des prophètes Moïse, Aaron et Samuel, attestée depuis un siècle, à l’époque du patriarche Germain de Constantinople (+ 740). Le grand Carême était autrefois plein de commémorations bibliques : la 2ème semaine, on faisait mémoire du juste Noé, la 4ème du sacrifice d’Isaac et, la 5ème semaine, du patriarche Isaac lui-même. La célébration des prophètes convenait à la première semaine du grand carême et à l’atmosphère vétéro testamentaire des lectures faites dans les offices. Cette célébration des saints prophètes ne fut pas supprimée, et resta liée à la fête du Dimanche de l’Orthodoxie. Ceci se justifie par le fait que les prophètes ont anticipé et annoncé l’incarnation du Verbe qu’attestent précisément les saintes icônes. À cet égard, l’office de vêpres du Dimanche de l’Orthodoxie dit que « la grâce de la vérité a resplendi : ce qui jadis était obscurément préfiguré s’accomplit maintenant au grand jour ; voici que l’Église revêt comme un céleste ornement l’image corporelle du Christ, que la tente du témoignage avait préfigurée » (dernière strophe du lucernaire).
Saint Jean Damascène montre déjà, dans son Traité sur les icônes, l’analogie des saintes icônes aux visions des prophètes. Ces derniers reçurent les saintes visions, non de leurs yeux corporels, mais des yeux spirituels de l’âme, de même que les apôtres virent la gloire du Christ sur le mont Thabor : les visions des prohètes faisaient connaître, non la nature de Dieu, mais son action. Ces visions étaient des « images » anticipées de ce qui devait être révélé pleinement par l’incarnation du Verbe éternel de Dieu. Dans la Loi renouvelée, les visions des prophètes de l’ancien Testament furent ainsi remplacées par les saintes icônes, qui ont leur fondement théologique authentique dans l’incarnation du Fils de Dieu, puisque le Christ est l’image – l’icône – du Dieu invisible (Colossiens 1, 15).
Puisque les visions des prophètes étaient les préfigurations de l’incarnation du Christ, qui est « l’icône naturelle du Père » (saint Jean Damascène, Contre ceux qui rejettent la vénération des icônes, III, 18), les prophètes peuvent être célébrés en même que l’on fête les saintes icônes, c’est-à-dire le premier dimanche du grand Carême, dit Macaire de Simono-Petra dans son bel ouvrage sur le Triode (Mystagogie du grand Carême ; essai de théologie du temps liturgique, Apostolia, 2018).
Par cette double célébration des prophètes et des saintes icônes, le Dimanche de l’Orthodoxie nous révèle une action miraculeuse de Dieu dans l’histoire du Salut. Car, quoique personne n’ait vu la face de Dieu jusqu’à l’incarnation du Fils, c’est-à-dire jusqu’à l’assomption par Celui-ci de la nature humaine, les prophètes ont pourtant annoncé cette vision quand ils voyaient spirituellement, par anticipation, avant l’heure, l’image du Dieu fait chair, Jésus Christ. Le Verbe éternel, le Fils de Dieu, attendait la « plénitude du temps » (Galates 4, 4) pour se manifester comme Sauveur du monde : ses élus, les prophètes, reçurent cette révélation comme les arrhes de la connaissance afin de maintenir dans le Peuple la foi vigilante en la venue du Messie –Christ.
L’icône est une fenêtre vers l’Absolu (Michel Quenot) ; elle nous révèle le monde transfiguré, c’est-à-dire le monde de ceux qui communient à la gloire de la grâce divine. Elle nous révèle en même temps le contenu de cette transfiguration, c’est-à-dire la sainteté. La présentation des saints dans les icônes confirme la foi de l’Église dans l’incarnation du Verbe de Dieu, comme en témoigne le saint évangéliste Jean quand il écrit : « le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire qu’Il tient du Père, en tant que Fils unique engendré, plein de grâce et de vérité » (Jean 1, 14). Et dans sa première épître universelle, le même saint apôtre témoigne : « ce qui était au principe, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont palpé du Verbe de Vie - car la Vie s’est manifestée, et nous avons vu et nous rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était tournée vers le Père et s’est manifestée à nous – nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jean 1, 1-3).
De même, saint Jean Damascène nous fortifie dans la vérité et la légitimité de la représentation de Dieu en icône quand il dit : « Je peins le Dieu invisible, non en tant qu’invisible, mais en tant qu’Il est celui qui s’est fait visible pour nous en participant à la chair et au sang. Je ne peins pas la divinité invisible ; je peins le corpsvisible de Dieu » (La vénération des icônes.Trois traités contre les iconoclastes).
Certes, l’icône est fondée, non seulement sur l’incarnation du Fils de Dieu, mais également sur sa résurrection. Sans la résurrection du Christ, l’icône aurait été, non la représentation de la vie céleste transfigurée, mais seulement un tableau commémoratif. L’icône nous présente le Fils de Dieu, qui a pris un corps humain, a traversé avec lui la mort et la résurrection. Dans les saintes icônes nous contemplons l’image du Christ auréolé, c’est-à-dire illuminé de la gloire de la Résurrection ; nous voyons également l’image de la Mère de Dieu et l’image des saints, tous illuminés de la même gloire incréée du Royaume des cieux, exprimée par le nimbe de lumière qui entoure leur tête. Dans les saintes icônes nous découvrons l’image humaine restaurée, renouvelée et sanctifiée, illuminée par la gloire du Royaume de Dieu, comme un appel à acquérir la même ressemblance de Dieu, par le resplendissement de l’image et de la gloire de Dieu que l’on voit sur le visage des saints.
En liaison étroite avec ceci, nous lisons dans la sainte Écriture que l’homme fut créé par Dieu d’après son image (cf. Genèse 1, 27). A la différence du Fils de Dieu, qui est de même nature que le Père, Adam pouvait acquérir la ressemblance à Dieu par grâce, dans l’obéissance permanente à Dieu et l’accomplissement de sa volonté. Or, en voulant se réaliser comme Dieu, mais sans Dieu, Adam a perdu l’image de lumière : il est tombé dans la désobéissance et s’est séparé de Dieu, la Source de vie, se dégradant ainsi jusqu’à la mort, spirituelle et corporelle (cf. Romains 6, 23). Aussi, sur le visage d’Adam désobéissant à Dieu, la lumière divine donnée par Dieu quand Il le créa ne brillait-elle plus.
Quand il regarde l’image du Christ dans l’icône, c’est-à-dire l’Adam renouvelé, qui s’est humilié et s’est fait obéissant à Dieu jusqu’à la mort (cf. Philippiens 2, 8), chaque homme ressent l’appel à renouveler sa propre image, c’est-à-dire à refléter par la vie et des oeuvres de bien l’amour et la lumière du Christ. En regardant l’image du Christ et l’image des saints dans les icônes, nous découvrons la possibilité de recevoir nous aussi la grâce des saints du Christ et de la mettre en oeuvre, par la prière et l’amour compatissant, par la communion avec Dieu et ses saints vécue dans l’Église.
Bien aimés fils et filles spirituels,
Une telle compréhension des saintes icônes nous aide à considérer avec espérance et joie le mystère de notre vie et de celle du prochain. Les saintes icônes confient à notre responsabilité la valeur de la personne humaine, de notre personne, et de celle du prochain. Le Christ et les saints nous regardent par l’icône et nous exhortent à avoir un regard pur, sincère et bienveillant. Ce regard pur, il convient que nous le tournions vers notre prochain qui porte l’image ou le sceau de l’image de Dieu, chaque homme étant une personne unique et qu’on ne peut répéter, pleine de mystère, une créature dont la vocation est de vivre éternellement dans l’amour du Dieu éternel. Cette image de Dieu en l’homme peut être obscurcie par les péchés, les passions égoïstes, par le manque d’amour humble et compatissant. Mais cette image peut retrouver son resplendissement par la prière et le repentir, dans la participation à la vie liturgique de l’Eglise, par la communion aux saints mystères, et par la culture de l’amour fraternel pour tous, témoignages du Christ Sauveur et Médecin.
Chaque chrétien peut avoir part à l’oeuvre spirituelle de restauration et de sanctification de sa propre image et de celle de son prochain, selon l’image lumineuse du Christ et de ses saints. Chacun d’entre nous peut devenir le Samaritain miséricordieux qui aide à se relever celui qui est tombé dans la souffrance et le conduit sur la voie de la guérison spirituelle et corporelle. N’oublions pas que les Pères de l’Église voient dans le bon Samaritain de la parabole (Luc 10, 25-37) le Sauveur Jésus Christ lui-même, venu nous tirer de la maladie, du péché et de la mort. Aussi chacun d’entre nous peut-il suivre le Christ et devenir le prochain de celui qui se trouve dans la souffrance. Cette action s’origine dans la parole bonne et forte en foi et en espérance ; elle se continue par l’aide apportée au prochain et par l’offrande matérielle nécessaire à l’oeuvre philanthropique ou caritative et sociale de l’Église. Il convient à l’oeuvre liturgique de l’Église à laquelle nous participons d’être prolongée par des programmes d’assistance sociale et philanthropique, par la construction des lieux de culte et des établissements ecclésiastiques, comme : des cantines pour les pauvres, des foyers pour les enfants, des logements pour les vieillards, des unités médicales pour les malades – et d’autres semblables fondations.
Chers Frères et Soeurs en Dieu,
Comme vous le savez, l’Église orthodoxe roumaine a commencé et développé, ces dernières années, plusieurs projets de ce type. Il existe déjà de nombreux établissements d’assistance sociale fondés et soutenus par l’Église, grâce à l’allocation de sommes importantes d’argent, et par de significatifs travaux d’entretien. Afin de poursuivre ces projets et en commencer d’autres, il est devenu une tradition, le Dimanche de l’Orthodoxie, d’organiser dans toutes les églises du Patriarcat roumain, une collecte pour soutenir le Fonds Missionnaire Central de notre Église.
Aussi vous invitons-nous à offrir suivant vos possibilités l’aide nécessaire à l’oeuvre de l’Eglise dans la société. Le Christ Lui-même nous exhorte : « soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6, 36). La miséricorde à l’égard de ceux qui se trouvent dans le besoin nous assimile à Dieu lui-même et nous aide à donner une réponse sincère à Dieu (cf. Matthieu 25). Quant à l’apôtre Paul, il met au nombre des fruits de l’Esprit saint les oeuvres de bien, par laquelle se manifeste la foi (Galates 5, 22-23). Par cela, saint Paul veut nous démontrer que la présence du saint Esprit dans notre vie a des signes visibles pour ceux qui nous entourent.
Les vertus que nos semblables peuvent observer chez nous de façon directe sont: l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, les oeuvres de bien, la foi. Ainsi, les oeuvres de bien accomplies pour ceux qui souffrent ou qui ont besoin de notre aide ne constituent pas seulement un comportement habituel de solidarité humaine. Elles sont le signe de la présence de l’Esprit dans notre vie ; elles sont la preuve que nous sommes des chrétiens qui rendent visible l’action de Dieu dans le monde. Par les oeuvres de bien nous offrons aux autres, non seulement une aide matérielle, mais le témoignage même de l’oeuvre de l’Esprit, qui rend fructueux dans le monde, dans la vie des hommes, l’amour humble et compatissant de Dieu.
En espérant que notre appel paternel vous fortifiera dans la foi et la vocation à l’oeuvre de bien au service du prochain, nous prions Dieu de vous bénir de la richesse de ses dons et de vous aider dans la montée spirituelle du jeûne des saintes Pâques. Précisément, l’année du Centenaire de la Grande Union (1918-2018) est l’occasion bienvenue de témoigner dans le monde notre unité de foi et notre unité nationale. Elle peut être l’occasion de renforcer la communion fraternelle de tous les Roumains dans l’accomplissement de cette oeuvre philanthropique en faveur des pauvres et des souffrants, de ceux qui sont tristes et abandonnés.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du saint Esprit soient avec vous tous ! (2 Corinthiens 13, 13)
Le président du Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe roumaine, Sa Béatitude le patriarche Daniel, et tous les évêques de l’Église roumaine.
Preşedintele SFântului Sinod al BiSeriCii ortodoxe roMâne
† d a n i e l
Arhiepiscopul Bucureștilor, Mitropolitul Munteniei și Dobrogei,
Locțiitorul tronului Cezareei Capadociei și Patriarhul Bisericii Ortodoxe Române
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Lettre pastorale du Synode métropolitain de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale
pour la lumineuse célébration de la Descente du saint Esprit
Au Très révérend et Révérend Clergé
A la communauté monastique et au peuple confesseur de la vraie foi
de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale:
grâce, miséricorde et paix du Dieu de miséricorde
et bénédiction paternelle de notre part
Très révérends et Révérends Pères,
Révérendes Mères,
Bien-aimés frères et soeurs dans le Seigneur,
Nous célébrons aujourd’hui la fondation de l’Eglise née au moment où l’Esprit saint descendit à Jérusalem sur les saints apôtres et sur les disciples du Christ Seigneur, crucifié et ressuscité, cinquante jours après sa résurrection d’entre les morts. Voici que l’oeuvre de salut du monde s’accomplit par le saint Esprit dans l’Eglise – le Corps du Christ – et prend forme visible dans le monde, par la venue du saint Esprit sous forme de langues feu dans la ville Jérusalem. Celui qui met en oeuvre le mystère de notre salut est l’Esprit saint qui reçoit ce qui appartient au Fils et fait connaître celui-ci au monde : „Celui-là me glorifiera – dit du saint Esprit le Seigneur - car Il recevra de ce qui est à moi, et Il vous le communiquera” (Jean 16, 14). Son amour supérieur à tout pour l’homme, qui l
Le premier dimanche du jeûne des saintes Pâques est consacré à la victoire de la foi chrétienne orthodoxe sur les hérésies. Les saints Pères réunis dans les conciles oecuméniques du IVème au VIIIème siècle ont établi l’enseignement véritable en ce qui concerne la divinité du Fils et du saint Esprit, ainsi que la juste vénération des saintes icônes. Instituée par le concile de Constantinople du 11 mars 843, cette célébration fut consacrée à la victoire de la vraie foi sur ceux qui luttaient contre la vénération des icônes, de la sainte Croix et des saintes reliques : elle fut en même temps la fête de la victoire de la vraie foi sur toutes les hérésies et en général les enseignements erronés.
Le Dimanche de l’Orthodoxie rappelle donc la victoire des Orthodoxes contre les hérétiques, scellée par le rétablissement de la vénération des saintes icônes. La décision d’appeler le premier dimanche du jeûne des saintes Pâques Dimanche de l’Orthodoxie fut prise en 843, au concile de Constantinople : mais elle fut préparée par le VIIème concile oecuménique de Nicée en 787, quand les saints Pères proclamèrent la vénération des saintes icônes en tant que manifestation de la vraie foi.
Moins connu est le fait que cette fête du Dimanche de l’Orthodoxie se superposa à l’ancienne commémoration des prophètes Moïse, Aaron et Samuel, attestée depuis un siècle, à l’époque du patriarche Germain de Constantinople (+ 740). Le grand Carême était autrefois plein de commémorations bibliques : la 2ème semaine, on faisait mémoire du juste Noé, la 4ème du sacrifice d’Isaac et, la 5ème semaine, du patriarche Isaac lui-même. La célébration des prophètes convenait à la première semaine du grand carême et à l’atmosphère vétéro testamentaire des lectures faites dans les offices. Cette célébration des saints prophètes ne fut pas supprimée, et resta liée à la fête du Dimanche de l’Orthodoxie. Ceci se justifie par le fait que les prophètes ont anticipé et annoncé l’incarnation du Verbe qu’attestent précisément les saintes icônes. À cet égard, l’office de vêpres du Dimanche de l’Orthodoxie dit que « la grâce de la vérité a resplendi : ce qui jadis était obscurément préfiguré s’accomplit maintenant au grand jour ; voici que l’Église revêt comme un céleste ornement l’image corporelle du Christ, que la tente du témoignage avait préfigurée » (dernière strophe du lucernaire).
Saint Jean Damascène montre déjà, dans son Traité sur les icônes, l’analogie des saintes icônes aux visions des prophètes. Ces derniers reçurent les saintes visions, non de leurs yeux corporels, mais des yeux spirituels de l’âme, de même que les apôtres virent la gloire du Christ sur le mont Thabor : les visions des prohètes faisaient connaître, non la nature de Dieu, mais son action. Ces visions étaient des « images » anticipées de ce qui devait être révélé pleinement par l’incarnation du Verbe éternel de Dieu. Dans la Loi renouvelée, les visions des prophètes de l’ancien Testament furent ainsi remplacées par les saintes icônes, qui ont leur fondement théologique authentique dans l’incarnation du Fils de Dieu, puisque le Christ est l’image – l’icône – du Dieu invisible (Colossiens 1, 15).
Puisque les visions des prophètes étaient les préfigurations de l’incarnation du Christ, qui est « l’icône naturelle du Père » (saint Jean Damascène, Contre ceux qui rejettent la vénération des icônes, III, 18), les prophètes peuvent être célébrés en même que l’on fête les saintes icônes, c’est-à-dire le pemier dimanche du grand Carême, dit Macaire de Simono-Petra dans son bel ouvrage sur le Triode (Mystagogie du grand Carême ; essai de théologie du temps liturgique, Apostolia, 2018).
Par cette double célébration des prophètes et des saintes icônes, le Dimanche de l’Orthodoxie nous révèle une action miraculeuse de Dieu dans l’histoire du Salut. Car, quoique personne n’ait vu la face de Dieu jusqu’à l’incarnation du Fils, c’est-à-dire jusqu’à l’assomption par Celui-ci de la nature humaine, les prophètes ont pourtant annoncé cette vision quand ils voyaient spirituellement, par anticipation, avant l’heure, l’image du Dieu fait chair, Jésus Christ. Le Verbe éternel, le Fils de Dieu, attendait la « plénitude du temps » (Galates 4, 4) pour se manifester comme Sauveur du monde : ses élus, les prophètes, reçurent cette révélation comme les arrhes de la connaissance afin de mantenir dans le Peuple la foi vigilante en la venue du Messie –Christ.
L’icône est une fenêtre vers l’Absolu (Michel Quenot) ; elle nous révèle le monde transfiguré, c’est-à-dire le monde de ceux qui communient à la gloire de la grâce divine. Elle nous révèle en même temps le contenu de cette transfiguration, c’est-à-dire la sainteté. La présentation des saints dans les icônes confirmela foi de l’Église dans l’incarnation du Verbe de Dieu, comme en témoigne le saint évangéliste Jean quand il écrit : « le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire qu’Il tient du Père, en tant que Fils unique engendré, plein de grâce et de vérité » (Jean 1, 14). Et dans sa première épître universelle, le même saint apôtre témoigne : « ce qui était au principe, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont palpé du Verbe de Vie - car la Vie s’est manifestée, et nous avons vu et nous rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était tournée vers le Père et s’est manifestée à nous – nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jean 1, 1-3).
De même, saint Jean Damascène nous fortifie dans la vérité et la légitimité
de la représentation de Dieu en icône quand il dit : « Je peins le Dieu invisible, non en tant qu’invisible, mais en tant qu’Il est celui qui s’est fait visible pour nous en participant à la chair et au sang. Je ne peins pas la divinité invisible ; je peins le corpsvisible de Dieu » (La vénération des icônes.Trois traités contre les iconoclastes).
Certes, l’icône est fondée, non seulement sur l’incarnation du Fils de Dieu, mais également sur sa résurrection. Sans la résurrection du Christ, l’icône aurait été, non la représentation de la vie céleste transfigurée, mais seulement un tableau commémoratif. L’icône nous présente le Fils de Dieu, qui a pris un corps humain, a traversé avec lui la mort et la résurrection. Dans les saintes icônes nous contemplons l’image du Christ auréolé, c’est-à-dire illuminé de la gloire de la Résurrection ; nous voyons également l’image de la Mère de Dieu et l’image des saints, tous illuminés de la même gloire incréée du Royaume des cieux, exprimée par le nimbe de lumière qui entoure leur tête. Dans les saintes icônes nous découvrons l’image humaine restaurée, renouvelée et sanctifiée, illuminée par la gloire du Royaume de Dieu, comme un appel à acquérir la même ressemblance de Dieu, par le resplendissement de l’image et de la gloire de Dieu que l’on voit sur le visage des saints.
En liaison étroite avec ceci, nous lisons dans la sainte Écriture que l’homme fut créé par Dieu d’après son image (cf. Genèse 1, 27). A la différence du Fils de Dieu, qui est de même nature que le Père, Adam pouvait acquérir la ressemblance à Dieu par grâce, dans l’obéissance permanente à Dieu et l’accomplissement de sa volonté. Or, en voulant se réaliser comme Dieu, mais sans Dieu, Adam a perdu l’image de lumière : il est tombé dans la désobéissance et s’est séparé de Dieu, la Source de vie, se dégradant ainsi jusqu’à la mort, spirituelle et corporelle (cf. Romains 6, 23). Aussi, sur le visage d’Adam désobéissant à Dieu, la lumière divine donnée par Dieu quand Il le créa ne brillait-elle plus.
Quand il regarde l’image du Christ dans l’icône, c’est-à-dire l’Adam renouvelé, qui s’est humilié et s’est fait obéissant à Dieu jusqu’à la mort (cf. Philippiens 2, 8), chaque homme ressent l’appel à renouveler sa propre image, c’est-à-dire à refléter par la vie et des oeuvres de bien l’amour et la lumière du Christ. En regardant l’image du Christ et l’image des saints dans les icônes, nous découvrons la possibilité de recevoir nous aussi la grâce des saints du Christ et de la mettre en oeuvre, par la prière et l’amour compatissant, par la comunion avec Dieu et ses saints vécue dans l’Église.
Bien aimés fils et filles spirituels,
Une telle compréhension des saintes icônes nous aide à considérer avec espérance et joie le mystère de notre vie et de celle du prochain. Les saintes icônes confient à notre responsabilité la valeur de la personne humaine, de notre personne, et de celle du prochain. Le Christ et les saints nous regardent par l’icône et nous exhortent à avoir un regard pur, sincère et bienveillant. Ce regard pur, il convient que nous le tournions vers notre prochain qui porte l’image ou le sceau de l’image de Dieu, chaque homme étant une personne unique et qu’on ne peut répéter, pleine de mystère, une créature dont la vocation est de vivre éternellement dans l’amour du Dieu éternel. Cette image de Dieu en l’homme peut être obscurcie par les péchés, les passions égoïstes,
par le manque d’amour humble et compatissant. Mais cette image peut retrouver son resplendissement par la prière et le repentir, dans la participation à la vie liturgique de l’Eglise, par la communion aux saints mystères, et par la culture de l’amour fraternel pour tous, témoignages du Christ Sauveur et Médecin.
Chaque chrétien peut avoir part à l’oeuvre spirituelle de restauration et de sanctification de sa propre image et de celle de son prochain, selon l’image lumineuse du Christ et de ses saints. Chacun d’entre nous peut devenir le Samaritain miséricordieux qui aide à se relever celui qui est tombé dans la souffrance et le conduit sur la voie de la guérison spirituelle et corporelle. N’oublions pas que les Pères de l’Église voient dans le bon Samaritain de la parabole (Luc 10, 25-37) le Sauveur Jésus Christ lui-même, venu nous tirer de la maladie, du péché et de la mort. Aussi chacun d’entre nous peut-il suivre le Christ et devenir le prochain de celui qui se trouve dans la souffrance. Cette action s’origine dans la parole bonne et forte en foi et en espérance ; elle se continue par l’aide apportée au prochain et par l’offrande matérielle nécessaire à l’oeuvre philanthropique ou caritative et sociale de l’Église. Il convient à l’oeuvre liturgique de l’Église à laquelle nous participons d’être prolongée par des programmes d’assistance sociale et philanthropique, par la construction des lieux de culte et des établissements ecclésiastiques, comme : des cantines pour les pauvres, des foyers pour les enfants, des logements pour les vieillards, des unités médicales pour les malades – et d’autres semblables fondations.
Chers Frères et Soeurs en Dieu,
Comme vous le savez, l’Église orthodoxe roumaine a commencé et développé, ces dernières années, plusieurs projets de ce type. Il existe déjà de nombreux établissements d’assistance sociale fondés et soutenus par l’Église, grâce à l’allocation de sommes importantes d’argent, et par de significatifs travaux d’entretien. Afin de poursuivre ces projets et en commencer d’autres, il est devenu une tradition, le Dimanche de l’Orthodoxie, d’organiser dans toutes les églises du Patriarcat roumain, une collecte pour soutenir le Fonds Missionnaire Central de notre Église.
Aussi vous invitons-nous à offrir suivant vos possibilités l’aide nécessaire à l’oeuvre de l’Eglise dans la société. Le Christ Lui-même nous exhorte : « soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6, 36). La miséricorde à l’égard de ceux qui se trouvent dans le besoin nous assimile à Dieu lui-même et nous aide à donner une réponse sincère à Dieu (cf. Matthieu 25). Quant à l’apôtre Paul, il met au nombre des fruits de l’Esprit saint les oeuvres de bien, par laquelle se manifeste la foi (Galates 5, 22-23). Par cela, saint Paul veut nous démontrer que la présence du saint Esprit dans notre vie a des signes visibles pour ceux qui nous entourent.
Les vertus que nos semblables peuvent observer chez nous de façon directe sont: l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, les oeuvres de bien, la foi. Ainsi, les oeuvres de bien accomplies pour ceux qui souffrent ou qui ont besoin de notre aide ne constituent pas seulement un comportement habituel de solidarité humaine. Elles sont le signe de la présence de l’Esprit dans notre vie ; elles sont la preuve que nous sommes des chrétiens qui rendent visible l’action de Dieu dans le monde. Par les oeuvres de bien nous offrons aux autres, non
seulement une aide matérielle, mais le témoignage même de l’oeuvre de l’Esprit, qui rend fructueux dans le monde, dans la vie des hommes, l’amour humble et compatissant de Dieu.
En espérant que notre appel paternel vous fortifiera dans la foi et la vocation à l’oeuvre de bien au service du prochain, nous prions Dieu de vous bénir de la richesse de ses dons et de vous aider dans la montée spirituelle du jeûne des saintes Pâques. Précisément, l’année du Centenaire de la Grande Union (1918-2018) est l’occasion bienvenue de témoigner dans le monde notre unité de foi et notre unité nationale. Elle peut être l’occasion de renforcer la communion fraternelle de tous les Roumains dans l’accomplissement de cette oeuvre philanthropique en faveur des pauvres et des souffrants, de ceux qui sont tristes et abandonnés.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du saint Esprit soient avec vous tous ! (2 Corinthiens 13, 13)
Le président du Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe roumaine, Sa Béatitude le patriarche Daniel, et tous les évêques de l’Église roumaine.
Preşedintele SFântului Sinod al BiSeriCii ortodoxe roMâne
† d a n i e l
Arhiepiscopul Bucureștilor, Mitropolitul Munteniei și Dobrogei,
Locțiitorul tronului Cezareei Capadociei și Patriarhul Bisericii Ortodoxe Române
† teofan
Arhiepiscopul Iaşilor şi Mitropolitul Moldovei
şi Bucovinei
† andrei Arhiepiscopul Vadului, Feleacului şi Clujului şi Mitropolitul Clujului,
Maramureşului şi Sălajului
† ioan Arhiepiscopul Timişoarei şi Mitropolitul Banatului
† laurenţiu
Arhiepiscopul Sibiului şi Mitropolitul Ardealului
† irineu Arhiepiscopul Craiovei şi Mitropolitul Olteniei
† Petru
Arhiepiscopul Chişinăului, Mitropolitul Basarabiei şi Exarh al Plaiurilor
Lettre pastorale du Synode métropolitain de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale
pour la lumineuse célébration de la Descente du saint Esprit
Au Très révérend et Révérend Clergé
A la communauté monastique et au peuple confesseur de la vraie foi
de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale:
grâce, miséricorde et paix du Dieu de miséricorde
et bénédiction paternelle de notre part
Très révérends et Révérends Pères,
Révérendes Mères, ’a fait monter sur la Croix, et qui fut le chemin vers la Croix salvatrice, l’Esprit va nous l’annoncer et Il nous faire connaître Celui qui l’apporte dans le monde. L’amour du Christ est ce qui active pour nous le salut par le pardon de nos péchés. L’Esprit saint, qui s’associe au salut, en tant que porteur de l’amour divin et de l’amour sacrificiel du Fils, oeuvre en nous par le pardon et infuse cet amour dans l’âme de chacun d’entre nous, de façon personnelle.
Mais, l’oeuvre de l’Esprit qui renouvelle l’homme dans l’Eglise par le pardon des péchés, oeuvre que le Christ a accomplie une fois pour toutes, nous est donnée en partage par ses serviteurs, qu’Il appelle ses „amis” (Jean 15, 14): les apôtres. Par eux et par leurs successeurs, les évêques, et, par ceux-ci, par les prêtres, le Christ, dans le saint Esprit, oeuvre au salut des hommes jusqu’à la fin des temps. Dès sa Résurrection des morts, le Seigneur Jésus Christ est entré toutes portes fermées parmi ses disciples, anticipant ainsi la descente du saint Esprit, et Il leur dit: „comme le Père m’a envoyé, Je vous envoie moi aussi. Il dit cela et souffla sur eux en disant: recevez l’Esprit saint; les péchés seront pardonnés à qui vous les pardonnerez, et retenus à qui vous les retiendrez” ( Jean 20, 21-22). Le Christ Seigneur rend ses apôtres participants de son oeuvre dans le monde – l’oeuvre de salut du genre humain - par le don du saint Esprit déversé sur eux: Il leur donne, notamment par le pardon des péchés et le sacrement de la communion à lui-même, le pouvoir de renouveler l’homme suivant l’image à laquelle seul Lui, le Christ, l’a façonné. „Le Consolateur, l’Esprit de la vérité, qui est issu du Père” (Jean 15, 26), c’est Lui le renouveau de notre vie, auquel Il oeuvre dans l’Eglise, le Corps sacramentel du Christ, par ses serviteurs, par ceux qui deviennent les amis du Christ. Le Christ fait tout en nous par le saint Esprit. Voici donc la grande et mystique oeuvre dont le Christ rend participants les Apôtres, puis les évêques et, par ceux-ci, les prêtres.
Depuis deux mille ans, le Christ, par l’Eglise, sème dans le monde le salut par son amour inconditionné. L’Esprit saint révèle cet amour à chacun d’entre nous suivant la capacité et le désir qui est le sien de le recevoir - et chacun tend vers cet amour. Ne nous privons pas du don de l’Esprit saint qui aujourd’hui nous rejoint par l’Eglise du Christ et nous fait participer au Ciel: le Père nous y a préparé une place par l’amour du Fils et la descente jusqu’à nous de l’Esprit.
Bien-aimés frères et soeurs dans le Seigneur,
En ce jour de célébration, est organisée, dans les paroisses et les monastères de notre Métropole, une collecte au bénéfice des projets pastoraux, missionnaires et sociaux de la Métropole. Avec amour, nous invitons chacun à contribuer par une offrande personnelle, suivant ses possibilités, à ces projets indispensables à la préservation de notre identité de chrétiens orthodoxes.
Remercions le Seigneur pour tous les dons qu’Il déverse sur nous, sans oublier que le don reçu de Dieu fructifie seulement s’il est partagé avec nos semblables, „le Seigneur accordant sa grâce par l’amour du frère”(saint Silouane).
Vos hiérarques, pasteurs et intercesseurs devant le Christ Seigneur, les membres du Synnode métropolitain,
† le métropolite JOSEPH
Métropole Orthodoxe Roumaine d’EuropeOccidentale et Méridionale
† l’évêque SILOUANE
Diocèse Orthodoxe Roumain d’Italie
† l’évêque TIMOTHEE
Diocèse Orthodoxe Roumain d’Espagne et du Portugal
† l’évêque vicaire MARC de Neamts
Archevêché Orthodoxe Roumain d’Europe Occidentale
† le hiérarque vicaire IGNACE du Muresh
Diocèse Orthodoxe Roumain d’Espagne et du Portugal
Donnée en notre residence de Paris, pour la célébration de la Descente du saint Esprit
An de grâce 2017
LETTRE PASTORALE POUR LA SAINTE PAQUE 2017
† LE METROPOLITE JOSEPH
DON DE LA VIE NOUVELLE
LETTRE PASTORALE
POUR LA SAINTE PAQUE
2017
a tout le clerge,
aux moines
et au peuple orthodoxe
de tout l’archeveche
Bien-aimés Pères, Frères et Sœurs dans le Seigneur,
Le Christ est ressuscité !
Comme au premier jour de la Création, quand Dieu dit : « Que la lumière soit ! », et la lumière fut, resplendit aujourd’hui en vérité la Lumière qui dure à jamais, la lumière sans fin. Mais, en même temps, le Dieu-Homme Lui-même est la Lumière, symbole qui nous st transmis dans la nuit de la Résurrection et que nous passons à notre tour à ceux qui nous entourent. Celui qui, par sa Résurrection, est le fondement de notre foi, nous accorde aujourd’hui une vie nouvelle dans la Lumière de sa Résurrection. Il se donne lui-même comme Lumière de notre vie et comme Vie de notre vie. Tel est le sens du sacrifice du Christ Seigneur sur la Croix qui conduit à sa Résurrection : une vie nouvelle, pleine de la Vie qui se termine, non par la mort, mais par la Pâque, par le passage à ce qui est parfait et sans fin. « Car nous le savons, si notre demeure terrestre, qui n’est qu’une tente, se détruit, nous avons un édifice, œuvre de Dieu, une demeure éternelle dans les cieux, qui n’est pas faite de main d’homme. Et nous gémissons, dans le désir ardent de revêtir, par-dessus l’autre, notre habitation céleste, pourvu que nous soyons trouvés vêtus et non pas nus » (2 Corinthiens 5, 1-3).
Mais que veut dire « nus » ? - ne pas être revêtus du Christ, Celui en qui nous avons été baptisés. Car le jour de la Résurrection peut nous trouver ainsi, nous les baptisés : non revêtus du Christ, nus de Lumière, nus d’œuvres de bien. Il peut nous trouver également nus de nous-mêmes, parce que, errant sans la Lumière de la résurrection, ne trouvant pas Celui en qui nous avons été baptisés, nous ne nous retrouvons pas nous-mêmes, nous ne savons pas pourquoi nous vivons ou quel est le sens de notre vie. La peur de la mort nous domine ! Pourtant la lumière de la Résurrection du tombeau devenu Ciel nous montre la Vie, un commencement nouveau que pose le Seigneur pour nous et pour l’univers entier, par le nouvel Adam, Celui qui est parfait.
Nous pouvons dire que c’est un nouveau commencement du monde. C’est pourquoi, à Pâque, nous lisons l’Évangile à l’extérieur, devant les portes de l’église, où nous entrons ensuite comme dans un nouveau paradis, une cité de paix, la Jérusalem d’en haut qui nous attend. Par le fruit de la Croix que nous recevons, le Fruit de la vie, qui est le Christ, notre vie reçoit un autre sens, celui de la Vie du Christ. Et par le Tombeau rempli de la lumière de la Résurrection, resté pourtant vide de Celui qui est partout, nous voyons l’accomplissement de notre vie en éternité par la vie de l’Éternel-Vivant. Au moment où le Seigneur Jésus Christ sort du Tombeau, sortent avec lui une autre lumière, un autre sens de la vie et du monde, déchiffrés dans son amour sacrificiel, guérisseur ou donateur de vie – son amour vainqueur de la mort et de la souffrance causée par la mort qui s’approche de nous. Celui-ci, l’amour du Christ, qui révèle l’amour du Père céleste, apporte à nous et au monde la lumière divine et la vie qui découle de la vérité.
« Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique, de sorte que tout homme qui croit en lui, au lieu de périr, ait la vie éternelle » (Jean 3, 16). Nous comprenons que la mort absurde à laquelle nous ne trouvons aucun sens trouve son terme dans la mort du Christ sur la Croix et que « la Résurrection est le vrai commencement du monde », qu’elle est une recréation du monde, une « nouvelle création de l’homme et du monde ». Nous pourrions dire : « un nouveau projet pour le monde, pour l’homme, grâce à la Croix, à la Mort et à la Résurrection de notre Seigneur Jésus Christ ». « Dieu se dit lumière, vie, résurrection et vérité. Lumière, en tant que Celui qui fait resplendir les âmes, qui éloigne la ténèbre de l’ignorance, qui illumine l’intelligence pour qu’elle contemple les réalités mystiques, et qui révèle les mystères qui ne peuvent être vus que par les cœurs purs ; vie, comme Celui qui donne aux âmes aimant Dieu la capacité de se mouvoir vers ce qui est divin ; résurrection, comme Celui qui relève l’esprit de l’attachement mortel à ce qui est matériel, en la purifiant de toute souillure et de tout engourdissement mortel ; vérité, comme Celui qui donne à ceux qui en sont dignes l’héritage immuable des biens » (saint Maxime le Confesseur, cité dans « Lumière du cœur », éd. Trinitas, Iassy, 2003, p. 66).
Chers Frères et Sœurs dans le Seigneur,
Au moment de la mort de Lazare, nous voyons le Sauveur comme Homme véritable – en larmes, pleurant pour son ami et sa famille souffrante. Toutefois nous le voyons alors et le contemplons également comme Dieu véritable – ressuscitant d’entre les morts Lazare mort depuis quatre jours, sentant mauvais en raison de la décomposition de son corps. Dieu Lui-même devient Homme de douleur pour vaincre et libérer de la douleur et de la souffrance en prenant celles-ci sur lui-même ; Il devient Homme de larmes, pour laver nos larmes en apportant la joie de la victoire sur la peur de la mort et de la solitude ; Il devient Homme de l’humiliation, pour dissiper notre humiliation ; Il devient Homme mortel, pour écarter et détruire notre mort comme Dieu véritable !
Le jour de la Résurrection nous trouve également, comme Lazare, peut-être par morts corporellement comme lui, mais morts dans l’âme, exhalant la mauvaise odeur du péché dans nos âmes et dans nos corps ; mais, courage ! le pardon et la guérison ont jailli du Tombeau du Christ.
Nous honorons cette année la mémoire de ceux qui, chrétiens confesseurs de la vraie foi, ont témoigné de la foi et l’ont gardée dans les temps de persécution du régime communiste, morts par milliers dans les prisons, dans les camps et en déportation, eux pour qui la réalité de la Résurrection fut plus puissante que la réalité de cette vie passagère et de la mort inévitable. Nous rendons également hommage aux chrétiens et aux serviteurs de l’autel, témoins de la foi orthodoxe, parmi lesquels nous mentionnons particulièrement le Patriarche Justinien, de bienheureuse mémoire. Nombreux sont ceux qui ont témoigné de la foi au prix de leur propre vie – dans les prisons et dans les travaux forcés – en ne plaçant rien au-dessus de l’amour du Christ Seigneur, qui a donné sa vie pour nous. Leur témoignage - comme celui de tous ceux qui aujourd’hui au prix de leur vie dans de nombreuses régions de la terre témoignent de la foi au Christ crucifié et ressuscité, l’Ami des hommes - nous donne le pouvoir de chercher à devenir de plus en plus les amis du Christ, de devenir les apôtres du mystère de son amour pour nous révélé par le sacrement de la Croix, que nous pénétrons à mesure de notre amour pour lui et de notre quête toujours croissante de son amour. Le Christ a besoin de nous comme apôtres de sa Résurrection et de la vie nouvelle qu’Il nous a donnée par la Résurrection. Si nous connaissons et recevons le don de son amour, nous pouvons aimer notre prochain comme Il nous a aimés, en donnant sa vie en gage de son amour. Nous recevons beaucoup de mauvaises nouvelles chaque jour du monde entier et le désespoir nous saisit pour notre vie ou celle de nos enfants. Mais, courage ! Croyons que notre seul refuge est dans le Christ ; et mettons dans nos cœurs les paroles du Seigneur : « courage ! J’ai vaincu le monde ! ». « Se dresser et lutter pour nous, fut son action ; et la nôtre est de jouir de la victoire », dit saint Jean Chrysostome (Homélies sur l’Épître aux Romains du saint apôtre Paul, homélie XIII, p. 237).
Le jour de la résurrection nous trouve dans ces régions de la terre, éloignées des lieux où nous sommes nés, pour la plupart d’entre nous ; mais il nous donne de croire que notre vie ne reste pas celle corruptible de cette terre, la nôtre de naissance ou par adoption. Ce jour nous ouvre la porte d’une autre terre, celle du Ciel, promis par Dieu Père par l’intermédiaire de l’Adam nouveau, le Seigneur Jésus Christ. « Il est pour l’âme ce qu’est le fondement pour la maison. Par lui seul nous vivons, nous possédons, nous héritons. Lui seul donne sa valeur à notre vie actuelle, et la gloire et la félicité à la vie future » (saint Jean Chrysostome, volume « Richesses oratoires », p. 52).
Le Christ est ressuscité !
Votre intercesseur devant le Christ, pour que tout bien vous soit accordé
† Le Métropolite Joseph
Sainte Pâque 2017, Paris.
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Lettre pastorale de Mgr Joseph
Pour la Nativité De Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre, aux hommes bienveillance. »
(Lc 2, 14)
Très-révérends Pères, frères et sœurs bien-aimés dans le Seigneur,
Nous exultons en ce jour de la grande fête de la Nativité de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Nous nous y sommes préparés 40 jours durant, essayant de nous approcher le plus possible dans nos cœurs du mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu, afin de pouvoir chacun d’entre nous L’accueillir dans notre vie et dans notre cœur.
Autour de nous et dans le monde entier, nous parviennent par les moyens de communication si présents dans la vie quotidienne d’aujourd’hui, les nouvelles de guerres et de conflits, à tous les niveaux de la vie humaine. Que ce soit entre pays, entre groupes, entre voisins ou dans les familles, entre époux, entre frères, entre parents et enfants ou au plus profond de notre âme, à tous les niveaux et dans tous les aspects de la vie humaine la guerre ou le conflit sont présents.
Déjà à l’entrée de la grotte où naissait le Christ petit enfant, la gloire de Dieu chantée dans les cieux par les anges proclame aussi sur terre la paix, qui est communiquée au monde par le divin Enfant de Bethléem. Lui, l’Enfant, est reconnu et révélé au monde comme « Prince de la paix », annoncé auparavant par le prophète Isaïe : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule. On L’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix… » (Is 9, 5).
Fidèles bien-aimés,
Le Christ S’est incarné pour nous réconcilier avec le Père céleste, pour nous témoigner l’amour du Père et le fait que par Lui, par le Christ « …nous avons la paix avec Dieu… »comme nous le dit le Saint Apôtre Paul (Rm 5, 1). Il se fait comme nous, le Fils, pour réconcilier le Ciel et la terre séparés par le péché ancestral, et répandre la paix sur les âmes de tous les hommes de bonne volonté, pour régner Lui-même dans les cœurs humbles, qui se savent pauvres sans la lumière et la présence de Dieu, sans Sa paix. « Je vous laisse Ma paix, c’est Ma paix que Je vous donne ». (Jn 14, 27) La paix est le don du Christ pour que nous soyons nous-mêmes des hommes de paix, en disant bienheureux les pacificateurs et en les appelant fils de Dieu (cf. Mt 5, 9). La paix entre les hommes et dans le monde est rétablie lorsque l’homme lui-même, l’homme intérieur, est en paix avec lui-même et avec Dieu. La guerre dans le monde tire sa source dans le cœur de l’homme. Le tourment né de la jalousie poussa Caïn à tuer Abel, son frère. Dans son cœur, Caïn n’était pas en paix avec Abel. Lorsque nous ne sommes pas réconciliés avec nous-même, nous perdons aussi la paix avec Dieu et avec notre semblable, tout comme Caïn. Le désarroi de Caïn nous asservit lorsque nous ne pouvons pas comprendre le bien ni accepter la réussite de notre frère. Nous pouvons comprendre que l’absence de paix dans l’âme rend également défaillante la bonne volonté – à savoir le désir du bien de l’autre. La paix est un état de confiance profonde, d’insondable quiétude de l’âme qui se sait sous la protection éternelle de Dieu, et qui sait que rien ni personne ici sur terre ne lui peut infliger le mal éternel, à l’exception de celle qui est directement impliquée dans sa vie, c’est-à-dire elle-même. Mais si nous sommes en paix avec Dieu nous le sommes aussi avec nous-mêmes et aucune crainte ne peut plus avoir d’emprise sur l’âme réconciliée avec Dieu. Saint Jean Chrysostome dit : « … Quand bien même tout le monde nous ferait la guerre, si nous sommes en paix avec Dieu, nous n’aurons aucune blessure ».[1]
Pourtant, si bienfaisante et édifiante soit la paix, si beaux et aimés soient les pacificateurs, Dieu ne nous force pas à la paix. Il nous y exhorte, mais ne nous l’impose pas. Mais lorsque nous y avons goûté et comprenons que c’est un don de Dieu pour notre quiétude et notre joie, don sans lequel nous ne pouvons pas vivre, et que seul celui qui aime Dieu peut l’appréhender et la chercher, trouvant en elle la joie et le sens de la vie, alors nous la cherchons de toute notre force, et pour peu que nous l’ayons reçue, nous la préservons comme un présent de grand prix, veillant avec crainte à ne pas la perdre. Parce qu’elle est celle qui nous apporte des jours de bonheur, d’après les dires du psalmiste : « Quel est l’homme qui veut la vie, qui désire voir des jours de bonheur ? Garde ta langue du mal, et tes lèvres pour qu’elles ne disent pas de fourberie. Éloigne-toi du mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la » (Ps 34, 13-15). Pour l’homme de foi – dit Saint Jean Chrysostome – « … la paix est plus précieuse que tout autre bien »[2].
Frères et sœurs bien-aimés,
Toute notre vie dans le Christ et dans l’Église est fondée sur la réconciliation avec soi-même, avec notre prochain et avec Dieu. Nous ne pouvons pas nous approcher véritablement de Jésus Christ, du Dieu de la paix, sans être en paix avec notre frère, nous dit le Sauveur Lui-même : « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande » (Mt 5, 23-24).
Avec notre frère, nous nous réconcilions en le pardonnant et en lui demandant pardon. Avec Dieu, nous nous réconcilions en Lui demandant pardon et en confessant nos péchés. Toute approche de Dieu nous guérit et nous apporte la paix, cette paix que nous sommes obligés d’acquérir si nous ne l’avons pas. C’est-à-dire que tout ce qui est malade est guéri par le Christ, lorsque notre volonté libre collabore avec Lui. C’est ce que signifient, selon Saint Jean Chrysostome, les paroles du Sauveur : « Ne croyez pas que Je sois venu apporter la paix sur la terre ; Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10, 34). « Parce que, nous dit-il, la paix c’est surtout lorsque l’on coupe ce qui est malade, lorsque l’on écarte ce qui engendre la révolte… C’est ainsi que le médecin lui-même sauve le reste du corps, en coupant la partie qu’il ne peut pas guérir … »[3]. Et le glaive qui coupe ce qui est mauvais dans notre âme, le péché, c’est la grâce du Saint-Esprit, qui nous guérit et nous réconcilie avec le Père céleste, dans le Christ. Voilà comme le fidèle est revivifié par la confession des péchés et le pardon du prochain, qui nous apportent la paix de l’âme et la réconciliation avec Dieu.
Frères et sœurs bien-aimés,
N’oublions pas en ces jours de fête les nécessiteux de toutes sortes – plus proches ou plus lointains. Les affamés et assoiffés, les malades et ceux qui portent tous types de souffrances, mentionnons-les dans nos prières et offrons-leur de notre surplus, spirituel ou matériel. Soyons, là où nous vivons, des pacificateurs, afin de plaire au Christ qui nous a réconciliés avec le Père céleste, sans oublier les paroles du prophète Isaïe : « Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix… » (Is 52, 7).
Je vous souhaite à tous de joyeuses et lumineuses fêtes de la Nativité du Seigneur et de la Théophanie.
Que la nouvelle année 2017 vous soit une source de bénédictions porteuse de fruits pour la Vie éternelle !
Votre père qui pour vous désire tout bien et intercède auprès de notre Seigneur Jésus Christ
† Le Métropolite Joseph
Paris, La Nativité du Seigneur 2016
[1] Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur la Première Épître aux Corinthiens, Ire Homélie.
[2] Saint Jean Chrysostome, Homélies sur la Genèse, Homélie XXXIII, IV.
[3] Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l’Évangile de Saint Matthieu, Homélie XXXV, I.
23 Décembre 2016
LETTRE PASTORALE
DU SAINT-SYNODE DE L'ÉGLISE ORTHODOXE ROUMAINE
le premier Dimanche du Carême de la Nativité du Seigneur de l’année 2015
sur l’importance de
L’ANNÉE ANNIVERSAIRE DE LA MISSION PAROISSIALE ET
MONASTIQUE AUJOURD’HUI et de L’ANNÉE COMMÉMORATIVE DE
SAINT JEAN CHRYSOSTOME ET DES GRANDS PASTEURS D’ÂMES DES
DIOCÈSES
À LA SAINTE COMMUNAUTÉ MONASTIQUE,
AU RÉVÉREND CLERGÉ
ET AUX FIDÈLES BIEN-AIMÉS DU PATRIARCAT ROUMAIN,
Grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu Père, Fils et Saint Esprit
et de la nôtre, bénédictions paternelles !
Révérends Pères, bien-aimés fidèles,
L’année 2015 a été promue par le Saint-Synode de l’Église Orthodoxe
Roumaine comme l’Année Anniversaire de la mission paroissiale et monastiques
aujourd’hui et l’Année commémorative de Saint Jean Chrysostome et des grands
pasteurs d’âmes des diocèses. La tradition de la célébration des années anniversaires
et commémoratives de saints, d’activités ou d’évènements de l’Église nous a montré
le plus de synergie produite dans l’activité pastorale et missionnaire de l’Église, une
plus grande communion fraternelle au sein et entre les diocèses, plus de
reconnaissance envers les ancêtres et plus de renouveau spirituel au présent.
On ressent davantage aujourd’hui le besoin d’une oeuvre pastoralemissionnaire
unitaire et intense pour sauvegarder l’identité chrétienne, à la fois en
encourageant la vénération des saints en tant que modèles spirituels, ainsi qu’en
s’efforçant d’accroître sa foi et les bonnes actions à l’image de Dieu le Miséricordieux
(cf. Luc 6, 36).
En ce sens, la mission des communautés paroissiales et monastiques
aujourd’hui est soutenue par la lumière de l’Évangile du Christ présent dans les âmes
de ceux qui croient en Lui et qui L’aime. Par toutes ses activités, l’Église prêche le
Verbe rédempteur et sanctifiant de Dieu, qui peut adoucir le coeur endurci par le
péché, le rendant bon et pur.
Notre Sauveur Jésus Christ a révélé la vocation communautaire de l’Église, en
disant : « là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux »
(Matthieu 18, 20). Mais indépendamment du nombre, ce qui importe c’est la foi et la
vie spirituelle de ceux qui se rassemblent au nom du Christ car, à travers eux, Sa
présence et Son oeuvre au sein de la communauté chrétienne sont rendues visibles.
En ce sens, le livre des Actes des Apôtres nous décrit la première communauté
chrétienne de Jérusalem : « ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres,
fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières…tous les
croyants ensemble mettaient tout en commun… Et chaque jour, le Seigneur adjoignait
à la communauté ceux qui seraient sauvés. » (Actes des Apôtres 2, 41-47).
Bien-aimés frères et soeurs dans le Seigneur,
Dans l’esprit de l’oeuvre rédemptrice qui s’accomplit dans l’Église, la paroisse
est la communauté ou l’assemblée des fidèles d’un prêtre envoyé par l’évêque afin de
servir une église en particulier. Dans chaque paroisse, la présence même du Saint
Autel où célèbre le prêtre manifeste la présence mystérieuse du Christ et de Son
oeuvre charismatique, communiant aux croyants les dons du Saint Esprit qui se
répandent par la Sainte Eucharistie et par l’oeuvre sanctifiante de l’Église, en
rassemblant ainsi les êtres dans l’amour de la Toute-sainte Trinité.
Si la mission de la paroisse est centrée sur une vie liturgique et spirituelle
profonde, en communion avec le Christ et Ses Saints, et sur une action pastorale
et sociale ancrée dans les réalités du monde contemporain, l’Église apportera
beaucoup de paix, de joie et d’espoir dans les âmes humaines, même dans les
périodes de sécularisation.
L’Église est dans le monde, mais non du monde (cf. Jean 18, 36). Une Église
soumise à l’esprit du monde de ce siècle perd sa vocation prophétique de communier
aux êtres la lumière et l’amour du Christ, le Sauveur du monde.
En ce sens, la mission du clergé aujourd’hui implique d’abord un effort
constant à transmettre la lumière de l’Évangile du Christ par des paroles, des gestes et
des actions concrètes, qui participent au renforcement de la communauté et à
l’entraide dans la communauté ecclésiastique locale, nationale et universelle, ainsi
qu’à l'affermissement de la vie sociale. L’homélie doit être documentée bibliquement
et patristiquement, remplie de douceur et mobilisatrice, et les activités sociophilanthropiques
doivent être primordiales surtout pour ceux qui se trouvent dans le
besoin.
Cela implique également un apport actif de tous les membres laïques de la
communauté paroissiale ayant la vocation d’être de bons chrétiens missionnaires,
ouverts et disponibles pour l’oeuvre du bien commun. La paroisse et l’Église en
général ont besoin aujourd’hui de laïcs bien organisés et impliqués dans différents
domaines d’activité : sociaux, administratifs, culturels et autres.
Malheureusement actuellement, la majorité de la population des paroisses
rurales est pauvre et nos prêtres de villages rencontrent beaucoup de problèmes
d’ordre social et pastoral. La crise économique, le chômage, le développement rural
insuffisant et l’immigration dans des pays plus développées ont entraîné une crise
majeure du village roumain et de grandes difficultés dans la mission pastorale des
prêtres des paroisses. Il existe beaucoup de bienveillance pour aider les pauvres parmi
nos serviteurs, mais peu de moyens pour accomplir les choses impérieusement
nécessaires. Dans de nombreuses localités rurales, les écoles ferment leurs portes
en absence d’enfants, mais également les dispensaires médicaux en manque de
médecins, reste seulement le prêtre pour venir en aide à la communauté,
culturellement et spirituellement.
En ville cependant, les paroisses sont beaucoup plus différentes, étant
composées souvent par de personnes originaires de différentes régions du pays,
qui ressentent le besoin d’avoir une paroisse à l’image d’une grande famille
spirituelle - un soutien moral et social. La paroisse de ville doit être sensible aux
nouveaux problèmes, tels que la solitude des malades et des personnes âgées, la
délinquance juvénile, la tentation des drogues parmi les jeunes etc.
Dans la société de consommation contemporaine, marquée de plus en plus par
une mentalité qui oriente les enfants et les jeunes vers le sensationnel artificiel et le
profit matériel immédiat, c’est essentiel de cultiver une éducation chrétienne
fondée sur les lumières de l’Évangile de l’amour du Christ, malgré les pressions
dont est soumis le statut de l’heure de Religion. Une série de programmes de
catéchèse est destinée ainsi aux enfants afin de compléter et de diversifier les
éléments d’éducation religieuse acquis à l’école, en leur entretenant la volonté d’avoir
une vie saine, dans le respect réciproque et l’amour sincère, une vie de prière et
remplie de bonnes actions, comme on l’aperçoit dans les programmes de catéchèse :
Le Christ communié aux enfants, l’Enfant choisit l’amour du Christ, il Choisit
l’École !.
Le prêtre doit travailler ensemble avec le professeur de religion, en lui
offrant la chance d’être un membre actif des programmes paroissiaux. Une
attention élargie doit être accordée à la jeune génération, car elle est exposée à de
nombreuses influences troublantes, de sorte que les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent
plus discerner facilement le chemin conduisant au salut. Ceux-ci doivent être
encouragés à faire partie du cadre des organisations de jeunesse chrétienneorthodoxes,
qui travaille avec la bénédiction du Saint-Synode : A.S.C.O.R.
(Association des Étudiants Chrétiens Orthodoxes Roumains) et L.J.C.O.R. (La ligue
des Jeunes Chrétiens-Orthodoxes Roumains). De même, il faut organiser pour les
enfants et les jeunes des excursions, des camps, des pèlerinages, des concours, des
réunions culturelles-spirituelles, mais également des programmes thématiques
concernant les problèmes d’aujourd’hui de la famille et de la communauté dans
laquelle ils vivent, du pays ou de la diaspora roumaine.
***
En ce qui concerne la mission du monachisme dans la vie de l’Église
d’aujourd’hui, elle doit être intensifiée dans la société contemporaine, profondément
marquée par le phénomène du sécularisme confus, dévorateur également de
l’individu. Les dix dernières années, à cause de la l’immigration et de la
sécularisation, le nombre de personnes souhaitant devenir moines ou moniales a
considérablement diminué. En même temps, l’esprit de l’individualisme et du
matérialisme engendre parfois des difficultés dans le maintient de la communion et de
l’harmonie au sein de la communauté, s’il manque l’obéissance spirituelle et la
synergie fraternelle. Dans ce sens, la stabilité et la foi ou bien la stabilité et la
fidélité au monastère deviennent aujourd’hui des vertus plus précieuses qu’en
temps de ferveur, car ces vertus sont des signes de la maturité spirituelle acquise
par les habitants des monastères grâce à beaucoup de prières, d’humilité et de
patience, dans le repentir incessant pour leurs propres péchés, sans juger les
autres.
Bien que certains monastères soient plus isolés du monde, ils sont d’un grand
soutien pour la vie spirituelle de tous les chrétiens. Les fidèles des paroisses
participent souvent aux saintes liturgies des monastères, en y trouvant une atmosphère
spirituelle et un vécu plus intense des valeurs de l’Orthodoxie, en renforçant leur foi.
Ils y trouvent souvent également des pères spirituelles avec une longue expérience,
auxquels ils se confessent, en recevant ensuite la Sainte Communion et cheminant
ainsi dans la vie chrétienne. Les célèbres fêtes de dédicaces des monastères sont des
moments de profonde communion ecclésiale de tous ceux qui y participent, moins ou
laïques. L’accueil avec joie des pèlerins ou l’hospitalité a été et continue à être
une oeuvre missionnaire des monastères, offrant aux pèlerins à la fois de la
nourriture spirituelle pour l’âme et un repas chaud, après la Sainte Liturgie.
Aujourd’hui, la paroisse et le monastère sont appelés à oeuvrer ensemble pour le bien
de l’Église, pour défendre la foi chrétienne et la vie chrétienne dans l’amour de Dieu
et des semblables.
De même, les monastères roumains ont également un important rôle
culturel et pédagogique au sein des croyants. Les grands monastères ont été dans
notre pays les premières communautés chrétiennes ayant fondé des bibliothèques, des
écoles de théologie ou de culture chrétienne, des lieux où on copiait des manuscrits,
on imprimait des livres, les moines étant de grands défenseurs de la vraie foi et
révélateurs de la culture chrétienne. Dans ces monastères on conserve d’innombrables
valeurs du patrimoine : des icônes, des manuscrits, des objets de culte en métal
précieux, de vieux livres et documents historiques, présentés avec joie aux pèlerins
par les moines et les moniales. Des bibliothèques paroissiales ont été fondées en
suivant le modèle de ces bibliothèques monastiques, surtout dans les paroisses
urbaines.
Bien-aimés frères et soeurs spirituels,
Dans la tradition apostolique et patristique de l’Église nous rencontrons de
nombreux visages lumineux de pasteurs spirituels qui ont dédié leur vie entière à la
mission de l’Église. L’un d’entre eux est le Saint Hiérarque Jean Chrysostome (347
- † 407), Archevêque de Constantinople, le plus grand prêcheur de l’Église
Orthodoxe. Saint Jean Chrysostome a servi en tant que diacre, prêtre et évêque. Il a
défendu et encouragé la sainteté et la dignité de la famille, les vertus monastiques et
l’oeuvre charitable de l’Église dans la société. Il a été non seulement un grand exégète
de la Sainte Ecriture, mais aussi un grand pasteur d’âmes, maître de la prière, du
repentir et du renouveau de la vie spirituelle.
C’est pour cette raison qu’il a été un grand messager aussi pour de nombreux
pasteurs d’âmes (hiérarques, prêtres et moines) du peuple roumain, doués d’une
grande intelligence et aimant les bonnes actions, ayant confessé la foi dans des
moments difficiles, des pasteurs d’âmes qui ont bâti des églises et des monastères et
ont fait grandir spirituellement des générations de croyants dans l’amour du Christ et
dans l’amour de l’Église et du Peuple. Tous ceux-ci nous appellent aujourd’hui à
suivre la lumière de leur amour sacrificiel pour le Christ et Son Église, en soutenant
aussi l’activité missionnaire de l’Église, en nous souciant de notre cheminement
spirituel personnel et de la communauté ecclésiastique, éclairée par l’écoute du Saint
Évangile, par le repentir, par la communion aux Saints Mystères, par la charité et
l’aide apportées à ceux qui se trouvent dans le besoin et la souffrance.
L’Année anniversaire de la mission paroissiale et monastique aujourd’hui
et l’Année commémorative de Saint Jean Chrysostome et des grands pasteurs
d’âmes des diocèses a été pour les diocèses du pays et de l’étranger, dans les
paroisses et les monastères, dans les centres culturels et les écoles théologiques du
sein de l’Église Orthodoxe Roumaine, l’occasion d’une oeuvre intense de la part
des hiérarques, des prêtres et des monarques, des pères spirituels, des
professeurs de théologie et des croyants laïques, qui, par leur travail, contribuent au
soutien, au renforcement et au renouveau de la vie et de la mission de la paroisse et du
monastère aujourd’hui.
Bien-aimés chrétiens orthodoxes,
Grâce à Dieu, nous sommes au début du Carême de la Nativité du
Seigneur, appelé aussi le Carême de Noël. Cette période de carême est une période
de préparation et de purification spirituelle, afin de devenir « église sanctifiée » dans
nos âmes et nos corps, afin de recevoir en nous-mêmes, dans « la grotte de notre
corps » et « la crèche de notre âme », le Sauveur Jésus Christ, qui vient dans le
monde et se fait Homme pour nous élever nous, êtres humains, à la vie spirituelle et à
la joie céleste éternelle.
Chaque période de carême est une période de repentir et de renouveau
spirituel, mais le Carême de Noël est surtout un apprentissage de la compassion,
quand nous apprenons à répondre généreusement à la compassion et à la bonté
infinies de Dieu pour nous, dévoilées par l’incarnation de Son Fils éternel, Jésus
Christ, le Sauveur du monde. Ainsi, surtout en cette période de Carême de Noël, nous
comprenons qu’avec notre sanctification spirituelle, nous devons êtres charitables
aussi, en offrant selon les possibilités, à ceux qui se trouvent dans le besoin, des dons matériels ou au moins une bonne parole, de l’aide ou un encouragement adressé à un pauvre, seul et désespéré, attristé ou endeuillé.
En lisant attentivement les paroles du Saint Hiérarque Jean Chrysostome sur la
vertu de la charité, nous nous apercevons qu’il a cherché et utilisé beaucoup
d’arguments pour convaincre les auditeurs à pratiquer la vertu rédemptrice de la
charité : « Quand nous faisons un don, dit le Saint Hiérarque, nous ne devons pas
regarder seulement le pauvre qui reçoit notre offrande, mais il faut penser aussi à
l’identité de Celui Qui reçoit l’offrande que nous donnons au pauvre et a promis
récompense pour ce que nous offrons »1, de penser donc au Christ. L’Évangile de ce
dimanche présentant la Parabole du Samaritain miséricordieux n’est pas simplement
une belle histoire, elle représente pour nous tous un programme, une incitation à faire
de bonnes actions, et si nous oeuvrons avec amour et joie pour le salut des autres, nous
oeuvrons également pour notre propre salut, car l’esprit de l’amour charitable du
Christ unit spirituellement l’homme qui aide à celui qui est aidé.
C’est pour cette raison que nous vous encourageons, cette année aussi, à
organiser dans les paroisses et les monastères, dans les doyennés et les centres
diocésains, des collectes d’aliments, de vêtements, de médicaments et d’argent, à
distribuer à tous ceux qui se trouvent dans la souffrance ou dans la pauvreté, des
vieux, des orphelins, des familles nombreuses défavorisées, des personnes seules
et dépourvues d’aide, de sorte que « votre superflu pourvoira à leurs besoins, afin
que leur superflu pourvoie pareillement aux vôtres » (II Corinthiens 8, 14).
Profitez de ce moment pour mieux connaître les autres membres de la paroisse
dont vous faites partis, surtout ceux rencontrant des difficultés matérielles, chacun les
aidant selon les possibilités, devenant ainsi pour ceux qui se trouvent dans le besoin
les mains charitables du Sauveur Jésus Christ, pour leur joie et celle de ceux qui les
aident.
Nous invoquons Dieu Tout-compatissant, Père des lumières, par qui
adviennent « tout don excellent et toute donation parfaite » (Jacques 1, 17), afin qu’Il
vous récompense pour la générosité montrée lors de la collecte d’automne de l’année
dernière (2014) et de tous vous bénir avec son amour, sa compassion et bonté divines,
montrant cette fois-ci encore, pendant le Carême de Noël, du soutien aux malades et
beaucoup de prières, ainsi que de l’aumône à tous ceux dépourvus d’aide, en ayant la
conscience, comme nous l’enseigne le saint apôtre Paul, que « le service de cette
offrande ne pourvoit pas seulement aux besoins des saints ; il est encore une source
abondante de nombreuses actions de grâce envers Dieu » (II Corinthiens 9, 12).
Nous vous embrassons avec amour paternel et nous prions que « la Grâce de
notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du saint Esprit
soient avec vous tous ! » (II Corinthiens 13, 13). Amen !
1 St. Jean Chrysostome, Homélies à la Genèse, homélie XXXIV, III, col. PSB, vol. 22, EIBMBOR,
Bucarest, 1989, p. 9
PENTECÔTE 2015
Lettre pastorale du Synode Métropolitain
de la Métropole Orthodoxe Roumaine de l’Europe Occidentale et Méridionale
en la radieuse Fête de la Descente du Saint Esprit
Au très vénérable et très révérend Clergé,
À l’ordre monacal et au peuple orthodoxe de l’étendue de la Métropole Orthodoxe Roumaine de l’Europe Occidentale et Méridionale,
la grâce, la miséricorde et la paix du Dieu très Miséricordieux,
et nos paternelles bénédictions.
Très vénérables et très révérends Pères,
Très vénérables Mères,
Bien aimés frères et soeurs en Christ,
La fête d’aujourd’hui, de la Descente du Saint Esprit ou de la Pentecôte, représente à la fois la joie de voir accomplir une promesse que Dieu Lui-même a faite à Ses Saints Apôtres, et la certitude que Dieu, par son merveilleux amour, ne nous quitte jamais, quels que soient nos péchés : "Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous." (Jean.14, 16-18).
C’est pourquoi, la fête de la Pentecôte est celle qui nous rappelle, chaque année, qu’en Dieu "pour ce qui concerne toutes les promesses, c'est en lui qu'est le oui". (II Cor. 1, 20) et que le Christ, par le Saint Esprit, est toujours vivant dans nos coeurs.
Afin de mieux nous rendre compte de la beauté et du réalisme de ces vérités, réfléchissons à l’état qu’ont eu les Saints Apôtres avant et après la Descente du Saint Esprit.
Après l’Ascension du Seigneur avec Son corps déifié, rempli de gloire et en état sacrificiel, vers le trône de la Très Sainte Trinité, les Apôtres, même s’ils avaient une "grande joie" (Luc. 24, 52), ils n’étaient tout de même pas encore habités par le courage de témoigner le Christ Ressuscité. Ils étaient "tous ensemble dans le même lieu" (Actes 2, 1), à savoir dans la chambre haute, à Jérusalem, dans l’attente du Consolateur, qui leur "enseignera toutes choses" et leur "rappellera tout ce que leur a dit" le Christ (Jean. 14, 26). Seulement après l’arrivée du Saint Esprit, le jour de la Pentecôte, sous forme de langues de feu, les Apôtres ont été remplis de la présence du Christ Ressuscité Qui sera le centre de leur prédication. Le Christ, à partir de ce moment, est devenu extrêmement vivant dans leurs coeurs. Il était dans leur chair, dans leur sang, et Il brûlait dans leur coeur, comme il brûlait dans les coeurs de Luc et de Cléophas, dans leur chemin vers Emmaüs (Luc 24, 32). C’est pourquoi rien ne pouvait plus les séparer de l’amour du Christ Ressuscité: "ni la tribulation, ni l’angoisse, ni la persécution, ni la nudité, ni le péril, ni l’épée", "ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni aucune créature" (Rom. 8, 35-39).
Par conséquent, nous pouvons dire sans hésitation que le Christ est devenu pour eux le contenu-même de leur vie. Ou, plus précisément, Il était leur vie, la seule réalité qui les comblait et qui les réjouissait, tant que leur foi et leur amour était le Christ Ressuscité, Qui était le sens et l’accomplissement de leur vie. Ce n’étaient plus eux, mais le Christ qui vivait en eux (Gal. 2, 20). Le Saint Apôtre Paul dit que tout est "une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ." (Phillip. 3, 8).
A quel point nous avons besoin, dans ce monde bouleversé de tous les points de vue, de cet Esprit et de cet état divin des Apôtres, dont ils se sont rendus dignes après la Descente du Saint Esprit sur eux !
Parfois nous pensons que ce sont là des réalités si élevées pour nous, et en conséquence trop difficiles à atteindre. Mais si nous portions notre regard sur la réalité de notre existence terrestre, nous trouverions l’assurance que tout ce que les Apôtres ont vécu, nous pourrions le vivre également, et rééllement. Lorsque nous aimons quelqu’un profondément, notre âme, notre coeur et notre esprit, tout est rempli de l’amour et de la joie qu’il nous procure. De manière instinctive et sans aucun effort, nous sentons que l’autre vit en nous, que dans tout ce que nous faisons se rapporte seulement à lui : soit que nous prions, soit que nous respirons, que nous lisions, que nous mangions, que nous dormions, que nous réfléchissions ou que nous nous promenions. Tout est imprégné de la présence de celui que nous aimons, présence qui est comme une lumière pour nous. Nous ne pouvons concevoir aucune fissure entre nous et l’être aimé, même si, à certains moments, une distance nous sépare.
C’est le don de l’amour merveilleux : que l’autre devienne votre vie-même. Et cette réalité ne peut être possible sans que l’Esprit Saint fasse sa demeure en nous. Le Saint Esprit, l’Amour merveilleux de Dieu, est Celui qui peut faire de notre âme une veilleuse allumée de la foi et la joie dans le Christ Ressuscité. Si nous ne les avons pas, nous sommes comme des veilleuses qui ne brûlent pas.
Voici le don de la fête d’aujourd’hui: la guérison de l’incertitude en face de la vie, par l’accomplissement des promesses que Dieu fait à l’homme, et l’assurance que le Saint Esprit, par l’amour, la foi et par l’accomplissement des commandements, rend présent le Christ dans notre vie, en faisant disparaître ainsi la solitude et l’égoïsme, qui détériore l’être humain.
Nous croyons et nous témoignons avec force que l’homme de nos jours, de plus en plus serré dans l’étau de l’instabilité et de la solitude, a besoin de vivre ces vérités, pour devenir lui-même un vase d’élection du Saint Esprit, pour devenir une veilleuse de la joie et de l’amour en Christ Ressuscité, à l’image des Apôtres.
Nous nous trompons si nous croyons que l’amour vient autrement que par Dieu. C’est Lui la source de tout l’amour dans ce monde. Et où vit-on plus pleinement cet amour? D’abord dans nos familles, qui devraient devenir des "petites églises", selon une parole inspirée de Saint Jean Chrysostome, où les parents – la mère et le père – soient comme des "apôtres", qui illuminent les âmes des enfants, par la transmission de la foi orthodoxe au Christ Ressuscité. Si nous ne faisons pas attention à leurs âmes, ne nous demandons pas pourquoi leur vie n’est que ténèbres et malheur, lorsqu’ils deviennent adultes. Par votre expérience de parents, qui avez été des enfants à votre tour, vous savez très bien que tout ce que les parents sèment dans notre âme et notre coeur d’enfants reste gravé pour toute notre vie. C’est l’héritage dont nous ne pouvons nous séparer et dont nous ne voulons jamais qu’on nous sépare, lorsqu’il s’agit de la foi au Christ et le bon sens. C’est pourquoi nous vous exhortons, paternellement et dans l’esprit de l’amour, à parler à vos enfants de la foi, du Christ, de Ses miracles, Ses enseignements, Ses paroles divines et de la vie merveilleuse des Saints de notre Eglise, parce qu’ainsi vous serez comme les Apôtres, qui, après avoir reçu le Saint Esprit en eux, ont parlé au monde entier, sans peur, du Christ crucifié et ressuscité. Et si vous faites tout cela, tout l’effort de transmettre la foi à vos enfants prendra le visage de la lumière et de la joie que vous allez tous vivre. C’est ainsi seulement que votre famille deviendra paradis, où seront présents l’amour, la foi, la joie et la paix de Dieu.
Ensuite, nous pouvons aussi vivre l’amour de Dieu dans la "grande famille" qu’est l’Eglise du Christ, à savoir chacune des paroisses dont nous faisons partie. C’est ici seulement que nous pouvons vivre tous la joie de la foi, la chance de nous greffer en Christ, par la Confession et la Sainte Communion, qui nous aident et nous apprennent ce que veut dire de vivre dans le même esprit fraternel, pour qu’ainsi, "dans un seul esprit nous confessions" et nous aimions. S’il y a encore des familles tristes, ravagées par les divorces, les infidélités conjugales, des enfants abandonnés, et qui sont loin de leurs parents, c’est aussi notre responsabilité, celle de la "grande famille", de ceux qui croyons au Christ et formons l’Eglise vivante, parce que nous ne prions pas pour eux, nous ne les entourons pas de notre attention, nous ne réussissons pas à leur faire découvrir le merveilleux amour de Dieu, nous ne semons pas dans leurs âmes souffrantes la consolation et l’aspiration à la joie d’être ensemble, parents et enfants, et parce que nous n’avons pas la conscience de l’unité de tous en Dieu. C’est pourquoi, priez sans cesse pour toute larme qui tombe sur la joue d’un enfant qui est seul, parce que ses parents sont à l’étranger pour gagner un pain meilleur; priez pour toute mère dont l’âme brûle de nostalgie pour l’enfant qu’elle a laissé à la maison, au pays, gardé par les grands-parents ou les proches; priez pour que la famille vive pleinement la joie d’être tout le temps ensemble et de croître dans la foi et dans l’amour de Dieu; priez pour prendre soin de l’unité de vos familles, tout comme vous prenez soin de vos corps pour qu’ils ne subissent pas de mal; priez pour que Dieu et la foi en Lui, qui par le baptême sont entrés dans la vie de chaque enfant, y restent pour toujours; et enfin et surtout, priez pour que la famille reste une famille, à savoir une mère, un père et des enfants, en Roumanie et en Europe.
Bien-aimés frères et soeurs dans le Seigneur,
Selon ce qui est maintenant une bonne tradition d’aide mutuelle, en ce jour de fête et de fondation de l’Eglise, nous organisons une quête pour soutenir tous les projets pastoraux, missionnaires et sociaux de notre Métropole. C’est pourquoi, nous vous exhortons avec tout notre amour, chacun d’entre vous, selon son coeur, à appuyer par votre don le travail missionnaire des paroisses, des monastères et des éparchies de notre Métropole d’Europe Occidentale et Méridionale, pour qu’ainsi, selon ce que dit le Saint Apôtre Paul, "nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque l'affliction " (II Cor. 1, 4).
Remercions Dieu pour tous Ses bienfaits répandus sur nous et nous vous exhortons par les paroles du Saint Apôtre Paul: "frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix; et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit, soient avec vous tous!" (II Cor. 13, 11-13).
Vos hiérarques et pères qui vous souhaitent tout le bien pour votre salut,
† Métropolite JOSEPH
de la Métropole Orthodoxe Roumaine de l’Europe Occidentale et Méridionale
† Evêque SILOUANE
de l’Evêché Orthodoxe Roumain de l’Italie
Evêque TIMOTHEE
de l’Evêché Orthodoxe Roumain de l’Espagne et du Portugal
† Evêque Vicaire MARC DE NEAMŢ
de l’Archevêché Orthodoxe Roumain de l’Europe Occidentale
Hiérarque Vicaire IGNACE DE MUREŞ
de l’Evêché Orthodoxe Roumain de l’Espagne et du Portugal
Pastorale pour la Nativité 2014
LE CHRIST NAIT POUR QUE PERSONNE NE DEPLORE PLUS LA PAUVRETE !

Et elle enfanta son fils premier-né,
L'enveloppa de langes et Le coucha dans une mangeoire,
parce qu'il n'y avait pas de place pour enx dans la salle d'hotes .
(Luc II,6)
Très-révérends et révérends Pères,
La Nativité de notre Seigneur Jésus Christ accomplit la promesse faite par Dieu Lui-même à Adam et Eve d’envoyer un rédempteur à ceux qui n’avaient pu rester dans l’obéissance envers Lui, et en communion avec Lui. La communion avec Dieu ne pouvait être rétablie autrement que dans l’obéissance parfaite à sa volonté. L’impuissance de l’homme a s’ouvrir à la volonté de Dieu lui a apporté tant de pauvreté et de souffrance ! Qui aurait pu nous relever de la pauvreté et de la souffrance, en nous transformant par la grâce de la divinité, sinon Dieu Lui-même ? Le Fils se fait pauvre et humilié dès la crèche dans laquelle Il nait, ignoré de tous sauf des tout-petits, et oublié de ceux qui l’attendaient et auraient dû annoncer la nouvelle de Sa venue comme Messie-Sauveur du genre humain, annoncé à nos ancêtres Adam et Eve : « C’est par Dieu que vous êtes dans le Christ Jésus, qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et délivrance, afin que, comme le dit l’Ecriture, celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur » (1 Co I,30-31). « Rien de plus pauvre que le pécheur - dit saint Jean Chrysostome - rien de plus riche que le juste. C’est pourquoi saint Paul dit de ceux qui se conduisent avec piété et sagesse : Je rends grâce à Dieu […] car vous avez été comblés en Lui de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la science (1 Co I,4-5). Le bienheureux Jérémie, parlant des impies, s’est exprimé ainsi : Sans doute sont-ils pauvres : c’est pourquoi ils n’ont pas pu entendre la parole du Seigneur (Jér V,4). Comprenez-vous bien qu’il nomme pauvres ceux qui restent loin de la vraie foi? » (Saint Jean Chrysostome, Septième homélie sur la pénitence).
Le Christ vient pauvre et dénudé, afin d’habiller les pauvres et les dénudés de l’habit céleste de l’amour divin qui est la nourriture de l’immortalité. Nous nous préparons pour que l’habit céleste, par la Nativité dans l’humble grotte, puisse nous aller également. Nous essayons au cours des 40 jours qui précèdent la Nativité du Seigneur de nous préparer par le jeûne, corporel et spirituel, afin de ne pas passer à côté du Christ sans Le reconnaître.
Frères et sœurs bien-aimés,
Jeûner signifie également se sentir pauvre avec le Christ - Le Pauvre, Celui qui S’est fait pauvre pour nous. Même si nous avons l’impression de posséder quelque chose, ce quelque chose, loin de nous appartenir, nous a été donné ; il nous en a été fait don avec la vie et plus tard ce don a été soumis à l’œuvre de la grâce divine qui multiplie toute grâce que le Seigneur a mise en nous. Mais la grâce divine a besoin de l’homme, d’œuvrer en synergie avec Lui. Ces 40 jours de préparation nous ouvrent chaque fois à une autre lumière de la compréhension de la Nativité, de la venue dans la chair du Christ, le Fils de Dieu, qui S’est fait aussi Fils de l’Homme. Cette fois, méditons sur la lumière et la vérité qui viennent - pour nous les hommes - par le miracle de la Nativité , ou de l’Incarnation de la Vierge Marie, de Celui qui a fait les Cieux et la Terre, de Celui qui resta ignoré et incompris, de Celui qui est au-dessus de tout et qui devient ce que nous, les pauvres, nous sommes. Le Fils de Dieu s’appauvrit en devenant homme, afin d’enrichir le pauvre, en le divinisant. Nous connaissons notre pauvreté : nous cherchons à posséder la terre et nous devenons pauvres en biens célestes ; nous cherchons à aimer et souvent notre amour se transforme en haine ; nous cherchons à vivre à tout prix la vie sur terre et en fait nous sommes morts à la fois pour le Ciel et en même temps pour la terre ; nous cherchons à devenir riches d’or terrestre et nous perdons l’or céleste ; nous cherchons à nous nourrir du pain terrestre et nous ignorons le Pain céleste ; nous cherchons à accumuler la science de ce monde et nous nous appauvrissons en ne cherchant pas la science éternelle ; nous cherchons à nous enrichir dans le plaisir des sens et nous perdons le sens de l’homme éclairé intérieurement par la grâce divine ; nous cherchons à nous enrichir dans la fierté et nous perdons l’humilité pleine de la Gloire céleste du Christ ; nous cherchons la richesse par tous les moyens dans le paradis terrestre et nous perdons le Paradis céleste ; nous cherchons à éviter l’enfer terrestre et nous gagnons l’enfer éternel ; nous cherchons toute richesse éphémère et nous perdons la pauvreté salvatrice du Christ, l’Enfant Pauvre de la grotte de Bethléem ! Lui, en naissant de la Vierge, Il trouve la solitude et la froideur de la crèche ouverte par la froideur de l’ homme et y apporte la chaleur du Ciel ; Il trouve l’indifférence et la répulsion du monde et apporte en retour la miséricorde du Ciel pour ceux qui sont oubliés de tous ; Il trouve la pauvreté matérielle et il apporte la richesse non faite de main d’homme ; Il trouve les ténèbres de la nuit et apporte la lumière incorruptible ; Il trouve ceux que tous ignorent et en fait des apôtres du Ciel sur la terre ; Il trouve ceux qui Le cherchent sur toute la terre et rend leur sagesse clairvoyante en Dieu, par la vision du Dieu incarné, le Roi du monde ; Il trouve la haine du monde et la transforme en amour céleste ; Il trouve la souffrance et le péché et les accueille et les porte, en les faisant Croix ; Il trouve l’enfer du péché et par le pardon Il le transforme en paradis des délices célestes.
Fidèles bien-aimés,
Le Christ Seigneur, qui est né dans la crèche des animaux, cherche le cœur de l’homme pour lui faire voir le Ciel et le faire devenir Demeure du Père Céleste ; Il cherche l’homme pécheur pour le pardonner et le guérir ; Il cherche l’homme qui souffre, pour le faire reposer dans le sein d’Abraham ; Il cherche à faire les cœurs purs et humbles s’élever mystérieusement aux choses invisibles et inaudibles pour l’œil et l’oreille corruptibles ; Il cherche ceux qui sont fatigués et accablés pour reposer leur âme ; Il cherche la pauvreté perceptible et en quête de vérité pour lui donner la richesse intarissable du Ciel.
Combien de dons n’avons nous pas reçus de l’Enfant de Bethléem de Judée et combien de dons ne nous apporte-t-Il à chaque fois que nous l’accueillons d’un cœur grand ouvert, qui reconnait Sa pauvreté et Sa souffrance ? Plus personne n’est pauvre dans ce monde , à part l’homme qui n’a pas Dieu dans son cœur. L’homme vraiment pauvre dans cette vie est celui qui n’a pas la foi. Mais le Christ appelle aussi celui-là pour lui donner le repos et le sortir de la pauvreté de ne pas aimer Dieu, mais Il a aussi besoin de ceux qui ont connu l’amour de Dieu afin que par la parole et l’action ils soient les témoins de l’Amour incarné, de l’Amour divin descendu sur terre par la grotte mystérieuse de ceux qui ne parlent pas, dans la pauvreté la plus complète et la solitude, afin justement de transformer notre pauvreté et notre solitude par Sa présence aimante.
Le Christ est venu pour nous apprendre et nous aider à répondre à l’amour de Dieu. Le monde plein de souffrance et pauvre en foi a besoin de cette réponse de notre part. Pouvons-nous nous laisser enseigner par le Christ qui nous appelle pour voir et aller de tout cœur vers ceux qui sont pauvres matériellement mais aussi spirituellement, vers ceux qui sont seuls ou ignorés, pour les aimer et les chercher avec l’amour qu’Il nous offre et avec lequel Il nous cherche et nous aime, de la crèche de Bethléem et jusqu’à la fin des temps ?
Que la fête de la Nativité du Seigneur vous soit source de joie et de fruits spirituels, et que l’année qui vient vous comble de bénédiction !
Le Métropolite JOSEPH
Paris, Nativité du Seigneur - 2014
LETTRE PASTORALE
DU SAINT-SYNODE DE L'ÉGLISE ORTHODOXE ROUMAINE
sur l’importance de
L’ANNÉE EUCHARISTIQUE (des Saints Sacrements de la Confession et de la Communion) et de L’ANNÉE COMMÉMORATIVE DES SAINTS MARTYRS BRANCOVANS
À LA SAINTE COMMUNAUTÉ MONASTIQUE,
AU RÉVÉREND CLERGÉ
ET AUX FIDÈLES BIEN-AIMÉS DU PATRIARCAT ROUMAIN,
Grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu Père, Fils et Saint Esprit
et, de la nôtre, bénédictions paternelles !
Révérends Pères, bien-aimés fidèles,
L’année 2014 a été promue par le Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine comme l’Année Eucharistique (des saints Sacrements de la Confession et de la Communion), afin de souligner l’importance de la sainte Confession comme Mystère du pardon, de la réconciliation et de la guérison spirituelle, de la sainte Communion, comme Mystère de la sanctification et du renouvellement de la vie, par la communion avec le Christ, mais également l’Année commémorative des saints Martyrs Brancovan dans le Patriarcat Roumain, car nous commémorons 300 ans depuis le martyre du saint Souverain du Pays Roumain, Constantin Brancovan, de ses quatre fils, Constantin, Stéphane, Radu et Mateï et du conseiller Ianaché.
L’approfondissement des significations spirituelles et des fins rédemptrices des Mystères de la sainte Confession et de la sainte Communion par les prêtres et les fidèles souligne leur importance et leur nécessité pour le temps présent, car ce sont des lumières de résurrection et de renouvellement spirituels. Par le saint Mystère de la Confession nous confessons nos péchés et recevons leur pardon, et en participant au saint Mystère de la Communion, nous recevons « le pain de la vie (qui) change, transfigure et remplit de vie celui qui communie », selon les mots de saint Nicolas Cabasilas.
L’injonction biblique et liturgique « Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon » (Psaume 33, 9) est un appel à la connaissance du sens de la vie comme relation de communion de l’homme avec Dieu, au renouvellement de la vie par le Mystère de la sainte Confession et la communion de l’amour éternel avec le Christ crucifié et ressuscité par le Mystère de la sainte Communion. Dans ce sens, « Travaillez, non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, car c’est lui que le Père, Dieu, a marqué de son sceau. (…). Je suis le Pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que Je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. » (Jean 6, 27 ; 51).
Le salut est l’expérience vivante de la relation personnelle, consciente et libre de l’homme avec Dieu, la Source de la vie éternelle. Le repentir ou la confession des péchés et le pardon reçu dans le Mystère de la sainte Confession signifie vie et élévation. C’est pour cela que le salut proposé par Dieu aux hommes signifie, en fait, délivrance et guérison du péché et de la mort. Cette vérité est contenue dans les paroles : Dieu veut, non pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive (cf. Ézéchiel 18, 23 ; 33, 11) ou Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). Le repentir et la restauration de l’union de l’être humain à Dieu dans le Mystère de la sainte Confession et l’accomplissement de l’union par la communion au Corps et au Sang du Christ dans l’Eucharistie ouvrent à chaque chrétien la porte du Royaume des cieux.
Sur le fondement de la sainte Écriture, le repentir ou la confession des péchés est un travail de renouvellement de la vie spirituelle, le repentir du roi David et du roi Manassé étant des exemples bien connus de l’Ancien Testament ; dans le Nouveau Testament, le Sauveur Jésus Christ, Donateur de lumière et de guérison pour les âmes, reçoit avec compassion le repentir sincère de tous ceux qui reconnaissent avec contrition leurs péchés, en disant : il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent (cf. Luc 15, 7). Parmi les exemples de repentir et de pardon des péchés, il y a surtout celui de la femme adultère, qui a enduit ses pieds avec de la myrrhe et les a séchés avec ses cheveux (cf. Luc 7, 36-50), ou celui du larron sur la croix (cf. Luc 23, 42).
D’ailleurs, quand Il commença à transmettre l’Évangile du salut, le Seigneur Jésus Christ appela les hommes au repentir, en disant : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. » (Matthieu 4, 17). Et après sa résurrection des morts, le Christ Seigneur a fait don à ses disciples, et par eux aux serviteurs de l’Église, de la grâce et de l’offrande du pardon, en disant : « Recevez l’Esprit saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis » (Jean 20, 22-23). Seuls les continuateurs des apôtres, les évêques et les prêtres de l’Église, ont reçu la grâce de lier et de délier ou d’accorder le pardon des péchés par l’invocation de l’Esprit saint purificateur, guérisseur et sauveur sur les fidèles qui se repentent.
Le repentir enseigné par l’Église et pratiqué dans la sainte Confession n’est pas un repentir du désespoir, mais un repentir de l’espoir et de la joie, de la reconquête et de l’arrachement du pécheur de l’emprise des péchés ou des passions. Quand nous nous confessons et nous recevons le pardon, nous préparons alors la joie de la résurrection de notre âme de la mort causée par le péché. Dns ce sens, les périodes de repentir et de jeûne deviennent des périodes de purification et de préparation à la joie, et la vraie joie est notre union à Dieu, la Source de la vie et de la joie éternelles, qui s’accomplit par la participation à la sainte Communion.
Malheureusement, dans la société actuelle, où dominent l’isolement individualiste et l’autosuffisance de l’être sécularisé, la conscience du péché et la pratique du repentir ont beaucoup diminué, et là où le repentir n’existe plus, il n’y a plus ni désir de sainteté ni salut ou vie éternelle. Le repentir en tant que saint Mystère de la Confession des péchés signifie plus d’exigence avec nous-mêmes et plus de bienveillance envers les autres, comme y insiste saint Jean Chrysostome en disant : « Cela est la cause de toutes choses mauvaises : rechercher minutieusement les péchés des autres et pardonner les nôtres avec beaucoup d’insouciance ».
Selon la tradition et la pratique de notre Église, il faut nous confesser avant de recevoir la sainte Communion. Si l’être ne se repent pas et ne demande pas le pardon des péchés, il ne peut pas entrer au Royaume des Cieux : « Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? » (1 Corinthiens 6, 9). Le vêtement propre des fils du Royaume de Dieu s’acquiert une seule fois par le baptême, mais il se purifie plusieurs fois par le repentir, appelé aussi « le baptême des larmes ».
En montrant que seulement en nous repentant des péchés, nous pouvons nous purifier et goûter à la vie éternelle, l’écriture apostolique connue sous le nom de Didachè (datée du premier siècle) dit concernant le repentir : « Dans l’Église, tu confesseras tes fautes et tu n’iras pas à la prière avec une conscience mauvaise. Tel est le chemin de la vie » (chap. IV, 14), et sur la communion au Corps et au Sang du Christ, la Didachè précise : « Si quelqu’un est saint, qu’il vienne ! Si quelqu’un ne l’est pas, qu’il se convertisse ! » (chap. X, 5) ou : « Réunissez-vous le jour dominical du Seigneur, rompez le pain et rendez grâces, après avoir d’abord confessé vos péchés, afin que votre sacrifice soit pur. Celui qui a un différend avec son compagnon ne doit pas se joindre à vous avant de s’être réconcilié, afin de ne pas profaner votre sacrifice » (chap. XIV, 1-2).
Bien-aimés fils et filles spirituels,
Par la Sainte Liturgie eucharistique s’accomplit la relation spirituelle la plus vivante, la communication la plus riche et la plus intense communion entre le Christ – Tête de l’Église et son Église, son corps mystique, temple du saint Esprit, peuple de Dieu-Père, comme dit le Christ lui-même à ses apôtres, parlant du Mystère de la communion avec lui : « En vérité, en vérité, Je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6, 53-54).
Ainsi, la sainte Eucharistie nous donne le gage de la vie éternelle. C’est pour cela que, quand nous recevons le Corps et le Sang du Seigneur, l’évêque ou le prêtre dit que nous communions « pour le pardon des péchés et la vie éternelle », et le chœur chante pendant la communion des fidèles « Recevez le Corps du Christ et goûtez à la source immortelle ! ». L’union spirituelle du Christ avec son Église et de l’Église avec le Christ a comme fin le pardon, la purification et la sanctification des êtres humains afin de recevoir le salut et la vie éternelle. Dans ce sens, Père Dumitru Stăniloae dit : « Ceux que Dieu a créés ne peuvent avoir la vie et s’y déployer que par lui, en tant que Source de la vie. C’est pour cela que Dieu les fait naître à nouveau (par le baptême n.n.). Mais Dieu ne peut pas abandonner ceux qui sont nés de lui sans les nourrir avec sa vie. (…) Après avoir vu que les êtres ne peuvent vivre éternellement dans la vie en lui, Dieu les nourrit Lui-même avec sa vie, afin qu’ils puissent s’épanouir dans la vie et y demeurer éternellement en elle ».
Alors que le monde sécularisé actuel ne vénère plus Dieu et est dominé par un esprit d’abattement, l’Eucharistie de l’Église, en tant que Mystère de la reconnaissance envers Dieu le Créateur et le Sauveur du monde, nous fait le don de la sainte paix et de la joie profonde, jaillies de la prière humble et assidue. Malheureusement, l’être sécularisé a perdu la paix et la joie de l’âme, justement parce qu’il a perdu la pratique de la prière comme respiration de l’âme dans la présence remplie de grâce de l’amour compatissant de Dieu.
Il est significatif que la venue du Christ dans le monde comme homme-enfant né au Bethléem commence avec l’annonce de la joie par les anges : « voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple » (Luc 2, 10), et son ascension en gloire s’accomplit avec la joie de la bénédiction du Christ donnée aux apôtres et, par eux, à son Église entière : « Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie » (Luc 24, 52). Cette joie est reçue toujours aujourd’hui dans la communion de vie de l’Église avec le Christ Ressuscité, présent en grâce dans la communauté ecclésiastique qui se trouve en prière (cf. Matthieu 28, 20).
C’est pour cela qu’il faut redécouvrir la dimension ecclésiale du Mystère de la sainte Confession et du Mystère de la sainte Eucharistie comme sources de joie, de sainteté et de progression spirituelle de la communauté de l’Eglise en communion.
Par la sainte Communion reçue dans l’Église, nous nous rapprochons du Christ et apprenons à vivre et à grandir spirituellement en Lui, comme dit saint Nicolas Cabasilas : « La relation avec le Christ est notre vraie vie, car nous arrivons à être ses « membres » et ses « fils », communiant à son Corps, à son Sang et à son Esprit. Il relie nos vies à Dieu, plus fort que ne le feraient nos seuls efforts, plus fort même que ce que nous possédons par notre propre nature, car le Christ est plus proche de nous que ne le sont nos propres parents biologiques ».
Le Mystère de la sainte Communion est source de sanctification de la vie chrétienne et manifestation de l’unité de l’Église. Plus nous communions fréquemment, surtout après une préparation adéquate, par le repentir et la Confession, plus grande deviennent la joie de l’âme et la paix. Par la communion eucharistique, le Christ est présent, non plus seulement au milieu ou entre nous, mais dans notre âme. Dans ce sens, saint Nicolas Cabasilas dit : « Le Seigneur nous fait le don de lui-même ; car en communiant à son Corps et à son Sang, nous recevons Dieu lui-même dans nos âmes » ; et Il devient la Vie de notre vie (cf. Jean 6, 56-57). Le saint Mystère de la Communion signifie la vie du Christ donnée à nous les hommes, afin que nous, les êtres terrestres, goûtions pendant cette vie même au bonheur de la vie éternelle : « Le pain de la vie est la Vie même, qui ressuscite ceux qui y goûtent ». Ainsi, quand nous recevons, avec repentir et humilité, la sainte Communion, la sainte vie du Christ crucifié et ressuscité sanctifie notre vie, lui offrant le gage de la résurrection et l’accompagnant vers la vie céleste et le bonheur éternel du Royaume de la sainte Trinité, qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit saint » (Romains 14, 17).
À cause de cela, toutes les prières orthodoxes avant la communion sont, en fait, des prières de repentir, et celles qui suivent la communion, des prières de remerciement pour le pardon des péchés et les bienfaits que la sainte Eucharistie apporte au salut de l’âme et à la vie de l’Église.
L’Année Eucharistique a été l’occasion pour les éparchies du pays et de l’étranger, pour les paroisses et les monastères, pour les centres culturels et les écoles théologiques de l’étendue de l’Église Orthodoxe Roumaine, d’une participation intense des hiérarques, des prêtres et des moines, des pères spirituels et des professeurs de théologie, soulignant avec joie les sens spirituels et les visées rédemptrices de la sainte Confession et de la sainte Communion, leur importance et leur nécessité pour la vie et le secours des fidèles, pèlerins sur le chemin du salut dans le monde contemporain, toujours plus sécularisé.
Dans le cadre de ces activités, le concours national de projets « La sainte Eucharistie – lumière de la vie chrétienne », organisé par le Patriarcat Roumain, a occupé une place importante, s’adressant aux enfants et aux jeunes des groupes de catéchèse impliqués dans le programme catéchétique « Le Christ communié aux enfants », et a eu comme visée l’éducation des enfants et des jeunes et leur familiarisation avec le Mystère de la sainte Confession et le Mystère de la sainte Eucharistie, leur accomplissement spirituel dans l’Église.
Bien-aimés frères et sœurs dans le Seigneur,
Ce n’est pas un hasard, cette année, quand nous rendons hommage à la sainte Eucharistie, nous commémorons aussi 300 ans depuis le martyre des saints Brancovan (1714), car il existe une relation spirituelle profonde entre l’amour sacrificiel du Christ pour l’humanité, célébré dans la sainte Eucharistie, et l’amour sacrificiel des martyrs ou des disciples pour le Christ, célébré dans les liturgies de leur commémoration par l’Église. Dans les deux cas, on saisit le mystère de la Croix et de la Résurrection du Christ, Vainqueur du péché, de l’enfer et de la mort, qui donne à ceux qui croient en lui le salut et la vie éternelle.
L’histoire a inscrit le voïvode martyr Constantin Brancovan parmi les grands souverains de notre peuple, et l’Église l’a inscrit parmi les saints martyrs, défenseurs de la foi chrétienne et fondateurs de sanctuaires, à côté de ses quatre fils, Constantin, Stéphane, Radu, Mateï et de son conseiller Ianaché (Vacaresco), ceux-ci étant canonisés par le Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine le 20 juin 1992, avec la date de commémoration le 16 août.
Le saint voïvode martyr Constantin Brancovan a vécu et a œuvré pour l’unité du peuple roumain, malgré la division de celui-ci en trois grandes provinces distinctes. C’était un souverain cultivé et un mécène de l’enseignement et de la culture, promouvant la publication de nombreuses œuvres de valeur, théologiques et laïques, de sorte que pendant son règne, la ville de Bucarest est devenue un centre spirituel et culturel significatif dans le sud-est européen, et le souverain du Pays Roumain un grand défenseur de la culture dans l’espace roumain entier. C’est la raison pour laquelle son règne a été considéré comme « une monarchie culturelle » (N. Iorga).
Aimant le Christ et l’Église, le saint voïvode martyr Constantin Brancovan a été un grand fondateur de monastères et d’églises, en construisant de nouvelles et en restaurant ou faisant des dons aux autres plus anciennes au Pays Roumain et en Transylvanie. En même temps, le saint Constantin Brancovan a généreusement aidé l’entière chrétienté orthodoxe de l’Orient, sous occupation ottomane, par d’importants dons financiers et matériels aux Patriarcats de Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche, de Jérusalem, à l’Église de Géorgie, ainsi qu’à de nombreux monastères et sanctuaires du Mont-Athos. Par cette attention, il a montré beaucoup de générosité, d’humilité et de dignité, demeurant avec le temps un exemple vivant pour les souverains chrétiens et pour les défenseurs de la culture chrétienne. Il existe certains témoignages historiques qui montrent que les Patriarches de Constantinople et surtout les Patriarches de Jérusalem et d’Antioche ont été maintes fois reçus à la cour du saint souverain Constantin Brancovan. Celui-ci, en dehors d’autres formes d’aide, publiait également des livres ecclésiastiques dans leurs langues, parmi lesquels le premier livre imprimé en langue arabe au monde (Livre liturgique gréco-arabe, au Monastère Snagov, en 1701). Cette attention portée à la sainte Église Orthodoxe l’a déterminé à devenir un grand missionnaire, un souverain chrétien humble et généreux.
Le saint voïvode martyr Constantin Brancovan a eu 11 enfants (4 fils et 7 filles) et était connu comme un père travailleur, sage et généreux qui, avec son épouse, la Princesse Maria Brancovan, femme courageuse, humble et aimant l’Église et le Peuple, représente un modèle digne à suivre pour la famille chrétienne, pour l’éducation chrétienne des enfants, pour la persévérance du témoignage de la foi véritable et pour le soutien des valeurs de la culture chrétienne.
Honorer la mémoire du saint voïvode martyr Constantin Brancovan est un devoir de conscience du peuple roumain entier. Dans ce contexte, plusieurs événements majeurs ont marqué cette année le caractère liturgique-missionnaire de la commémoration du saint Constantin Brancovan : l’exhumation de ses reliques le 13 mai 2014 et leur vénération par le dépôt dans un reliquaire en argent doré ; l’organisation, le 21 mai 2014, de la procession-pèlerinage avec les reliques du saint Constantin Brancovan, de la Cathédrale patriarcale à l’église « St. Georges le Nouveau » ; la sanctification de la nouvelle fresque et la bénédiction des grands travaux de l’Église « St. Georges le Nouveau » de Bucarest, sa fondation, ainsi que la concélébration des hiérarques de notre Saint-Synode et des représentants des Églises Orthodoxes sœurs, présents à Bucarest le 16 août 2014, le jour même de la commémoration des saints Martyrs Brancovan ; l’organisation de processions-pèlerinages avec les reliques du saint Constantin Brancovan aux églises les plus importantes fondées par lui dans le Pays Roumain et en Transylvanie : à l’église de Mogosoaïa (Ilfov), à l’église de Potlogi (Dâmbovita), à l’église de Fagaras et au Monastère Sambata de Sus (Brasov), au Monastère Hurezi (Vâlcea). Pour fortifier la joie spirituelle des dizaines de milliers de croyants vénérant les reliques de sainte Parascève de Iassi, les reliques du saint voïvode martyr Constantin Brancovan se sont arrêtées également dans la capitale moldave du 12 au 16 octobre 2014.
Saint Constantin Brancovan a été un fidèle témoin de la foi chrétienne orthodoxe jusqu’à son martyre et un défenseur de la culture et de l’art roumains. La profondeur de la synthèse brancovane entre foi et culture, entre les valeurs artistiques de l’Orient et celles de l’Occident, s’est développée avec créativité dans un style artistique distinct dans l’histoire de la civilisation roumaine et européenne, connu sous le nom de style brancovan.
L’œuvre terrestre entière du voïvode Constantin Brancovan a été achevée par sa mort en martyr, et l’exemple de sa vie donnée au Christ notre Seigneur jusqu’à sa mort ; et les prières adressés devant le Trône de la Toute sainte Trinité par les saints Martyrs Brancovan, constituent une source permanente de lumière et de renouvellement pour la vie chrétienne de nos jours.
Fidèles chrétiens,
À la fin d’une année d’hommage liturgique et de commémoration spéciale des saints martyrs Brancovan, nous prions la sainte Trinité de nous donner une foi profonde, l’amour envers l’Église et le peuple, et surtout d’apprendre, à partir de l’exemple des saints martyrs Brancovan, à aimer le Christ et à être fondateurs de sanctuaires et de culture chrétienne, à préserver l’entraide fraternelle envers les chrétiens orthodoxes et à être compatissants, à défendre la foi chrétienne, ayant dans l’âme l’amour sacrificiel pour le Christ et pour son Église.
De nos jours, le dévouement que nous sommes appelés à offrir est, non pas un sacrifice sanglant, tel celui du voïvode martyr Constantin Brancovan, mais un dévouement ou une offrande spirituelle de son temps et de son confort propre, pour prier plus et accomplir plus d’actions d’amour compatissant et généreux, pour confesser plus fort encore l’amour du Christ crucifié et ressuscité et aider l’Église dans son œuvre pastorale et missionnaire dans la société contemporaine.
Nous conseillons aux parents d’accorder plus de temps aux enfants et aux jeunes, leur enseignant à connaître les mystères de la foi véritable, de préserver l’espoir et l’amour, la liberté de faire le bien et non pas le mal, d’apporter de la joie autour de soi et de vénérer les saints, les héros et les sages, maîtres de l’héroïsme chrétien, de l’aide apportée au prochain et de la défense de l’Église du Christ.
Nous encourageons tous les fidèles, mais surtout les jeunes, à découvrir la lumière de la sainte Confession, en tant que source de liberté et de paix de l’âme, de confesser au père spirituel tous leurs péchés et de pardonner à tous ceux qui les ont offensés, de même que le Christ Seigneur a pardonné, en disant sur la Croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc, 23, 34). Ce n’est qu’ainsi que les chrétiens orthodoxes obtiennent le courage et le pouvoir de lutter contre les péchés et les mauvaises actions de toute sorte, de vaincre les tentations et les épreuves de nos temps.
Nous conseillons à nos fils et filles spirituels de se confesser plus fréquemment afin de communier plus souvent à « la source immortelle » de la sainte Eucharistie, source de paix et de joie.
Quand la sainte Eucharistie est reçue en s’étant préparé, plus précisément avec repentir, jeune et prière, elle devient source de lumière et de foi, nous aidant à montrer amour véritable et sainteté en famille et dans la société, à avoir du courage et de l’espoir, pour lutter contre les injustices et à être compatissants envers ceux qui se trouvent dans la souffrance et la douleur.
Nous sommes au début du Carême de la Nativité du Seigneur, appelé aussi le Carême de Noël. Chaque période de carême est une période de repentir et de préparation, mais ce Carême de Noël est surtout un apprentissage de la compassion, quand nous apprenons à répondre généreusement à la compassion et à la bonté infinies de Dieu pour nous, dévoilées par l’incarnation de son Fils, « pour nous, hommes, et pour notre salut », comme nous le confessons dans le Symbole de la Foi Orthodoxe.
Pour maintenir vivante notre vénération, en cette période de Carême de la Nativité du Seigneur, tous les enseignements, ainsi que les vertus pratiques et spirituelles acquises durant cette Année Eucharistique et Année commémorative des saints martyrs Brancovan, nous avons le devoir chrétien d’accueillir et de rendre manifeste la joie de la Naissance de notre Seigneur Jésus Christ et de sa présence aimante dans les cœurs des chrétiens par une action compatissante, une bonne parole ou un geste d’encouragement, qui apaisent la souffrance ou la solitude des orphelins, des malades, des pauvres, des personnes âgées, des veuves, des marginaux, de tous ceux que la société n’aide pas, mais que Dieu Compatissant aime et nous demande à nous, chrétiens, d’aider spirituellement et matériellement.
C’est pour cette raison que nous vous encourageons, cette année aussi, à organiser dans les paroisses et les monastères, dans les doyennés et les centres diocésains, des collectes d’aliments, de vêtements, de médicaments et d’argent, qui seront distribués à tous ceux qui sont dans la souffrance ou en difficulté, chacun contribuant avec son don, selon le désir de son cœur, sachant que « Dieu aime celui qui donne de bon cœur » (2 Corinthiens 9, 7).
Nous invoquons Dieu Tout-compatissant, Père des lumières, par qui adviennent « tout don excellent et toute donation parfaite » (Jacques 1, 17), de vous récompenser pour la générosité que vous avez montrée par la collecte d’automne de l’année dernière et de tous vous bénir avec son amour, sa compassion et bonté divines, afin d’apporter cette fois encore, pendant le Carême de Noël, du soutien aux malades et beaucoup de prières, ainsi que de l’aumône à tous ceux qui sont dépourvus d’aide, en ayant la conscience, comme nous l’enseigne le saint apôtre Paul, que « le service de cette offrande ne pourvoit pas seulement aux besoins des saints ; il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâce envers Dieu » (2 Corinthiens 9, 12).
Nous vous embrassons avec amour paternel et nous prions que « la Grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du saint Esprit soient avec vous tous ! » (2 Corinthiens 13, 13). Amen !
LE PRESIDENT DU SAINT-SYNODE DE L’ÉGLISE ORTHODOXE ROUMAINE,
† D A N I E L
Archevêque de Bucarest,
Métropolite de Munténie et de Dobroudgéa,
Lieutenant du trône de Césarée de Cappadoce,
Lieutenant de l’Archevêque de Timisoara et Métropolite du Banat et
Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine
† Teofan
Archevêque de Iassy et Métropolite de Moldavie et de Bucovine
† Laurenţiu
Archevêque de Sibiu et Métropolite d’Ardeal
† Andrei
Archevêque de Vad, Feleac et Cluj et Métropolite de Cluj, Maramuressh et Salaj
† Irineu
Archevêque de Craiova et Métropolite d’Olténie
Vacant
Archevêque de Timisoara et Métropolite du Banat
† Petru
Archevêque de Chisinau, Métropolite de Bessarabie et Exarque
† Iosif
Archevêque orthodoxe roumain d’Europe occidentale
et Métropolite orthodoxe roumain d’Europe occidentale et méridionale
† Serafim
Archevêque orthodoxe roumain d’Allemagne, d’Autriche et du Luxembourg
et Métropolite orthodoxe roumain d’Allemagne, d’Europe du Centre et du Nord
† Nifon
Métropolite honoraire, Archevêque de Târgoviste et Exarque patriarcal
† Teodosie
Archevêque de Tomis
† Pimen
Archevêque de Suceava et de Radauti
† Irineu
Archevêque d’Alba Iulia
† Varsanufie
Archevêque de Râmnic
† Eftimie
Archevêque de Roman et de Bacau
† Ciprian
Archevêque de Buzau et de Vrancea
† Calinic
Archevêque d’Argesh et de Muscel
† Casian
Archevêque du Bas Danube
† Timotei
Archevêque d’Arad
† Nicolae
Archevêque orthodoxe roumain des deux Amériques
† Justinian
Archevêque honoraire, Évêque orthodoxe roumain du Maramuresh et de Satmar
† Ioan
Archevêque honoraire, Évêque de Covasna et de Hargita
† Corneliu
Évêque de Hush
† Lucian
Évêque de Caransebes
† Sofronie
Évêque orthodoxe roumain d’Oradea
† Nicodim
Évêque de Severin et Strehaia
† Vincenţiu
Évêque de Sloboza et de Calarashi
† Galaction
Évêque d’Alexandria et de Teleorman
† Ambrozie
Évêque de Giurgiu
† Sebastian
Évêque de Slatina et de Romanati
† Visarion
Évêque de Tulcea
† Petroniu
Évêque de Salaj
† Gurie
Évêque de Deva et de Hunedoara
† Daniil
Évêque- suppléant (administrateur) du diocèse Dacia Felix
† Siluan
Évêque orthodoxe roumain de Hongrie
† Mihail
Évêque orthodoxe roumain d’Australie et de Nouvelle Zélande
† Siluan
Évêque orthodoxe roumain d’Italie
† Timotei
Évêque orthodoxe roumain d’Espagne et du Portugal
† Macarie
Évêque orthodoxe roumain d’Europe du Nord
† Varlaam Ploieşteanul
Évêque-vicaire patriarcal
† Ieronim Sinaitul
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Bucarest
† Calinic Botoşăneanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Iassi
† Andrei Făgărăşeanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Sibiu
† Vasile Someşeanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Vad, Feleac et Cluj
† Paisie Lugojeanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Timisoara
† Antonie de Orhei
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Chisinau
† Marc Neamţeanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché orthodoxe roumain d’Europe occidentale
† Sofian Braşoveanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché orthodoxe roumain d’Allemagne, d’Autriche et du Luxembourg
† Emilian Lovişteanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Râmnic
† Ioachim Băcăuanul
Évêque-vicaire de l’Archevêché de Roman et de Bacau
† Ioan Casian de Vicina
Évêque-vicaire de l’Archevêché orthodoxe roumain des deux Amériques
† Iustin Sigheteanul
Évêque-vicaire du Diocèse orthodoxe roumain du Maramuresh et de Satmar
† Ignatie Mureşeanul
Évêque-vicaire du Diocèse orthodoxe roumain d’Espagne et du Portugal